Gambie : Banjul prévient que Yahya Jammeh sera poursuivi s’il rentre au pays

 

Le gouvernement gambien a lancé un avertissement ferme à l’ancien président Yahya Jammeh, affirmant qu’il fera face à des poursuites judiciaires s’il décide de rentrer au pays en novembre, comme il l’a récemment annoncé. Cette mise en garde intervient après la diffusion d’un message audio de Jammeh adressé à ses partisans rassemblés dimanche dans son village natal de Kanilai. Dans cet enregistrement, l’ex-dirigeant déchu annonçait son intention de revenir en Gambie pour reprendre la direction de sa faction de l’ancien parti au pouvoir.

Âgé de 60 ans, Yahya Jammeh affirme avoir conclu un protocole d’accord avec l’Union africaine, la CEDEAO, l’ONU et l’Union européenne, garantissant selon lui la possibilité d’un retour en toute sécurité. Il soutient également que son exil, entamé en 2017, ne devait durer que six mois.

Exilé en Guinée équatoriale depuis janvier 2017, Jammeh avait quitté le pouvoir après avoir refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle de 2016 face à Adama Barrow. Son départ avait mis fin à une crise politique tendue, marquée par la menace d’une intervention militaire régionale.

Dans un communiqué publié mardi, le gouvernement gambien a réaffirmé que tout citoyen, y compris l’ancien président, a le droit de rentrer dans son pays, mais a précisé que ce droit « n’exclut pas la responsabilité pénale pour des crimes graves ». Banjul a souligné qu’aucun accord international ne garantit à Yahya Jammeh une immunité contre des poursuites.

Les autorités rappellent que l’ex-chef d’État demeure une personne d’intérêt dans plusieurs enquêtes relatives aux violations des droits humains commises durant ses 22 années de règne. Les conclusions de la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC) ont établi sa responsabilité dans des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des actes de torture et des violences sexuelles.

Le gouvernement Barrow assure qu’il prendra des mesures judiciaires « fermes » en cas de retour de Jammeh, tout en garantissant un procès équitable. Il promet également de poursuivre la mise en œuvre des recommandations de la TRRC, inscrites dans le Livre blanc officiel, afin d’assurer justice, vérité et réconciliation nationale.

Critiqué par le passé pour la lenteur du processus judiciaire, l’exécutif affirme vouloir rassurer les victimes et leurs familles. La recherche de la vérité et la lutte contre l’impunité, insiste-t-il, demeurent au cœur des réformes engagées par l’État gambien.

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