La justice slovaque a condamné mardi à 21 ans de prison Juraj Cintula, 72 ans, pour l’attaque armée visant le Premier ministre Robert Fico en mai 2024. Le tribunal a retenu une motivation politique derrière les tirs, considérant que Cintula cherchait à « empêcher le bon fonctionnement du gouvernement ».
Ancien admirateur du chef du gouvernement, le poète a ouvert le feu à bout portant sur Fico à Handlova, au centre du pays, tirant cinq balles. Selon le juge Igor Kralik, les déclarations de Cintula, qui affirmait vouloir seulement « blesser » le Premier ministre, ont été jugées « non crédibles », ses deux chargeurs étant pleins et son action ne s’étant pas arrêtée après avoir été maîtrisé. L’accusé est resté calme à l’annonce de sa condamnation et peut faire appel.
Cet attentat, rare dans l’Union européenne contre un chef de gouvernement, a gravement blessé Robert Fico, qui a subi deux longues opérations et n’est revenu à son poste que deux mois plus tard. Cintula avait justifié son geste par un changement progressif de perception : il estimait Fico « ivre de pouvoir », « tordant la vérité » et prenant des décisions nuisibles au pays, notamment en stoppant l’aide militaire à l’Ukraine voisine, alors que la Slovaquie se rapprochait de Moscou sous son mandat.
Initialement accusé de tentative de meurtre préméditée, le poète a finalement été jugé pour « attentat terroriste » en raison de sa motivation politique. Le procès, tenu devant la cour d’assises de Banska Bystrica depuis juillet, a inclus la diffusion d’une déclaration vidéo de Fico faite après l’attaque. Le Premier ministre a qualifié Cintula de « produit de la haine », accusant les médias et l’opposition de l’avoir transformé en assassin.
Robert Fico, 61 ans, domine la scène politique slovaque depuis 2006, et dirige depuis 2023 son quatrième gouvernement, en coalition avec l’extrême droite. Ses réformes contre les médias, les ONG, la communauté LGBT+ et les milieux culturels, ainsi que son inscription dans la Constitution affirmant la primauté du droit national sur le droit européen, ont suscité l’inquiétude de citoyens et de la communauté internationale. C’est dans ce contexte que Cintula, participant à certaines manifestations, a justifié son geste par la défense de l’avenir européen du pays.