Face à la recrudescence des cyberattaques, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a confié à la société espagnole Intelcom la mission de renforcer son système d’information. Ce partenariat, conclu en octobre 2025 pour une durée de quatre mois, porte sur la mise en place d’une solution de sauvegarde sur bande et de protection anti-ransomware, pour un montant de 2,01 millions de dirhams TTC, selon La Vie Éco.
Cette initiative intervient dans un contexte de forte inquiétude autour de la cybersécurité nationale. Les chiffres présentés au KNext Rabat 2025 par Kaspersky, sous l’égide du ministère de la Transition numérique, révèlent plus de 20,7 millions de tentatives d’attaques détectées au Maroc durant le premier semestre 2025. Le pays se classe désormais deuxième en Afrique avec plus de 75 000 attaques DDoS recensées sur la même période.
Filiale marocaine du groupe espagnol SATEC, Intelcom bénéficie de plus de 30 ans d’expérience dans l’intégration de solutions informatiques. Son approche repose sur deux volets complémentaires : la sauvegarde sur bande magnétique et la mise en place d’un coffre-fort numérique.
La première offre une protection efficace contre les ransomwares grâce à l’« air gap », une isolation physique des données les rendant inaccessibles depuis le réseau. Quant au coffre-fort numérique, il crée une copie isolée, invisible au réseau interne, avec des sauvegardes immuables et inaltérables pendant une période définie, y compris par les administrateurs.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale de cybersécurité 2030 pilotée par la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information. Celle-ci vise à renforcer la gouvernance, la résilience du cyberespace, les compétences locales et la coopération internationale, tout en soutenant la souveraineté numérique du Royaume.
Les indicateurs récents confirment l’urgence d’une telle démarche : les tentatives de vol d’identifiants ont augmenté de 22 % au premier semestre 2025, tandis que les logiciels espions ciblent de plus en plus les secteurs bancaire, industriel et des télécommunications. « La cybersécurité n’est plus une simple contrainte technique, mais un enjeu stratégique vital pour la survie et la réputation des entreprises », a rappelé Samy Tadjine, Responsable Grands Comptes chez Kaspersky.
Avec un budget dépassant deux millions de dirhams, le projet du ministère inclut également des pare-feux nouvelle génération, la protection des applications web, une supervision continue et un support technique renforcé. En investissant avant la compromission, le ministère adopte une posture préventive exemplaire.
Dans un contexte de transformation numérique accélérée, la sécurisation des infrastructures critiques devient un impératif pour garantir la continuité du service public et la protection des données des citoyens.