Le Maroc consolide sa position stratégique au Sahel, selon un rapport du Middle East Institute for Policy and Economy, grâce à des projets économiques et énergétiques ambitieux, tandis que l’Algérie voit son influence régionale s’éroder. Le retrait du Niger du projet gazier transsaharien, initialement destiné à relier le Nigeria à l’Europe via l’Algérie, a ouvert la voie au gazoduc Nigeria-Maroc. Long de 5 600 km et capable de transporter jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an, ce corridor énergétique fait de Rabat un acteur clé de la sécurité énergétique régionale et européenne.
Au-delà de l’énergie, l’« Initiative Atlantique » lancée en décembre 2023 offre aux pays enclavés du Sahel un accès stratégique à l’océan via les ports marocains. La Mauritanie a déjà rejoint ce dispositif, renforçant l’image du Maroc comme partenaire logistique et commercial incontournable.
En revanche, l’Algérie accumule les revers diplomatiques et stratégiques. La destruction d’un drone malien par son armée, le retrait du Mali du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) et les accusations de soutien au terrorisme ont isolé Alger. La fermeture des espaces aériens malien et nigérien aux avions algériens illustre cette rupture. Par ailleurs, la fin de son rôle de médiateur dans les accords de paix avec les groupes touaregs affaiblit encore sa stature régionale.
Le rapport souligne que l’approche algérienne, centrée sur le dialogue politique, peine face à des États sahéliens qui privilégient des solutions militaires. Rabat, en revanche, mise sur une stratégie pragmatique combinant intégration économique, corridors énergétiques et infrastructures portuaires, consolidant ainsi son influence au Sahel.