La cinquième édition de la table ronde consacrée à l’exploitation des ressources naturelles s’est ouverte mardi 8 juillet à Dakar, mettant l’accent sur la nécessité de valoriser localement le pétrole, le gaz et les minerais pour positionner le Sénégal comme un pôle industriel majeur en Afrique.
Cet événement de deux jours, organisé par l’Observatoire de suivi des indicateurs de développement économique en Afrique (OSIDEA), rassemble des acteurs publics, privés, de la société civile et des partenaires techniques autour du thème : « Exploitation du pétrole, gaz et ressources minières : passer de l’extraction à la transformation locale pour faire du Sénégal un hub industriel africain ».
Cette démarche intervient alors que la production de pétrole brut a débuté sur le champ de Sangomar en juin 2024, et que les premières exportations de gaz naturel liquéfié sont attendues en août, grâce au projet GTA. Ces ressources, combinées au potentiel minier du pays, offrent un levier puissant pour une transformation économique structurelle.
Cheikhou Oumar Sy, président d’OSIDEA, a qualifié cette édition de « tournant » pour l’économie sénégalaise, insistant sur l’importance d’investir dans la transformation des ressources afin d’éviter de rester un pays exportateur de matières premières sans valeur ajoutée.
Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’ONG 3D, a rappelé que la stabilité politique était un préalable indispensable au développement, soulignant la dimension essentielle de la paix dans l’Agenda Sénégal 2050.
Du côté de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), Thialy Faye a dénoncé le modèle économique basé uniquement sur la rente, en soulignant que le secteur n’apportait que 346 milliards FCFA à l’économie nationale. Il a appelé à utiliser le gaz pour la production d’électricité et à renforcer l’impact des données de transparence sur les politiques publiques.
Ousseynou Diakhaté, de Woodside Sénégal, a salué la montée rapide de la production pétrolière à Sangomar, tout en insistant sur la nécessité d’impliquer les communautés locales, annonçant des initiatives sociales dans les régions de Dakar et Fatick.
Aïssatou Diop, d’IBP Sénégal, a mis en lumière les avancées législatives, notamment la loi sur le contenu local de 2022, et a plaidé pour une fiscalité équilibrée et une meilleure répartition des revenus issus du pétrole, afin d’éviter que les richesses naturelles ne coexistent avec la pauvreté.
Enfin, Cheikh Niane, secrétaire général du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, a rappelé que l’exploitation seule ne suffisait plus. Il a insisté sur la nécessité d’une transformation locale, d’une industrialisation inclusive et du renforcement du secteur privé national, en intégrant une approche régionale.
Ce forum, s’inscrivant dans la mise en œuvre de la Vision 2050, vise à produire des recommandations pour assurer une croissance durable, inclusive et souveraine fondée sur une gestion optimisée des ressources naturelles.