Le prochain sommet Union africaine–Union européenne, prévu fin novembre 2025 à Luanda, intervient à un moment décisif. Entre le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’offensive économique de la Chine et le regain d’activisme russe, l’Afrique est redevenue un champ de bataille stratégique. Et l’Europe semble jouer en défense.
Trois ans après le sommet de Bruxelles, Européens et Africains se retrouvent dans un contexte diplomatique agité. Les États-Unis, sous l’impulsion de Trump, veulent reprendre pied sur le continent. Le président américain prévoit d’accueillir une dizaine de chefs d’État africains à Washington dans les prochaines semaines, dans le but de contrer l’influence croissante de Pékin et Moscou.
La Chine, de son côté, avance à grande vitesse. Lors du dernier sommet du FOCAC, Pékin a promis 60 milliards de dollars d’investissements supplémentaires sur trois ans. Objectifs : infrastructures, cybersécurité, santé, énergie. À cela s’ajoute un virage numérique affirmé, avec la création de corridors de données, de centres cloud et d’une gouvernance algorithmique.
Face à cette double offensive, l’Europe peine à concrétiser sa stratégie « Global Gateway ». Les 150 milliards d’euros promis d’ici 2030 restent largement théoriques. L’UE parle de projets durables, de chaînes de valeur locales, de numérique vert. Mais sur le terrain, les résultats tardent.
À Luanda, la Commission européenne espère relancer un partenariat en perte de vitesse. Mais les obstacles sont nombreux : fractures internes à Bruxelles, critiques sur sa politique migratoire, recul de son influence en Afrique de l’Ouest, au Sahel ou dans la Corne.
Sur le plan économique, l’Union se retrouve en compétition directe. Selon la Banque africaine de développement, la Chine a investi 155 milliards de dollars en Afrique entre 2000 et 2022, surtout dans les routes, barrages et réseaux électriques. Washington, via la DFC et l’initiative Prosper Africa, a injecté 30 milliards en deux ans, misant sur les PME, le numérique et l’énergie.
L’Europe, elle, mise sur la transparence, la qualité et la durabilité. Mais ces promesses suffisent-elles encore dans une Afrique désormais courtisée par tous ? Le sommet de Luanda, bien plus qu’un rendez-vous protocolaire, pourrait être l’ultime test de crédibilité du partenariat UA-UE.