Une frappe israélienne menée mardi soir dans le nord du Liban, à proximité de Tripoli, a fait trois morts et treize blessés, selon un communiqué du ministère libanais de la Santé. Le raid visait un véhicule dans la localité d’Al-Airouniya, un secteur jusque-là épargné par les affrontements fréquents au sud du pays.
Selon l’armée israélienne, l’attaque avait pour cible un cadre du Hamas, présenté comme un acteur clé du dispositif militaire du mouvement palestinien au Liban. Dans un second communiqué, Tsahal a affirmé avoir tué Mehran Mustafa Ba’jur, qualifié de « haut commandant » du Hamas. Il est accusé d’avoir orchestré plusieurs attaques contre des soldats israéliens et des civils, tout en contribuant depuis plusieurs années au renforcement des capacités militaires du groupe sur le sol libanais.
Ce raid marque une extension géographique préoccupante du conflit. Jusqu’à présent, la plupart des affrontements entre Israël et les forces alliées au Hezbollah se concentraient dans le sud du Liban. Al-Airouniya, située au nord, non loin de Tripoli, est loin des zones habituellement visées. Cette frappe constitue donc un tournant potentiel dans la nature des opérations israéliennes en territoire libanais. Le Hamas n’a pas encore réagi aux accusations formulées par Israël.
Depuis l’escalade majeure de septembre 2024, suivie d’un cessez-le-feu en novembre, les tensions n’ont jamais véritablement cessé entre Israël et les groupes armés libanais. Le Liban recense près de 3 000 violations de la trêve, avec un lourd bilan humain : au moins 232 morts et plus de 530 blessés, d’après les autorités locales.
Israël, de son côté, justifie ses frappes par la présence de cellules actives du Hezbollah et du Hamas opérant depuis le Liban, malgré les engagements pris dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. Tel-Aviv a par ailleurs retardé son retrait complet du Sud-Liban, initialement prévu pour le 26 janvier 2025, puis reporté au 18 février.
À ce jour, cinq postes militaires israéliens demeurent actifs le long de la frontière libanaise, alimentant les accusations de violation de la souveraineté libanaise et de non-respect des engagements. Cette nouvelle attaque intervient dans un contexte de tensions régionales persistantes, où les lignes de front évoluent au rythme d’une diplomatie paralysée et d’un engrenage militaire. Alors que la communauté internationale peine à imposer un retour à la table des négociations, les civils continuent d’en payer le prix.