Réunies à Abidjan les 7 et 8 juillet 2025, des femmes issues de cinq pays d’Afrique de l’Ouest ont adopté une déclaration ambitieuse pour faire entendre leur voix dans les processus de paix et de sécurité dans le Golfe de Guinée. Soutenu par le PNUD Côte d’Ivoire, ce forum régional a débouché sur la « Déclaration d’Abidjan », une résolution qui place les femmes au cœur des réponses aux menaces sécuritaires régionales.
Issues du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, les participantes – activistes, parlementaires, membres de la société civile et médiatrices – ont exprimé leur vive inquiétude face à la multiplication des crises : extrémisme violent, piraterie maritime, conflits électoraux, tensions intercommunautaires ou encore criminalité transnationale.
Elles dénoncent également la marginalisation persistante des femmes dans les espaces de décision, où elles représentent moins de 20 % des participants aux processus de paix formels. Pour ces leaders, l’inclusion féminine n’est pas un luxe mais une exigence pour construire une paix véritable et durable.
Dans leur diagnostic, les participantes pointent la recrudescence des violences basées sur le genre, l’exploitation sexuelle en période de crise, et l’instrumentalisation des femmes comme outils de guerre. Elles réclament une réponse audacieuse et collective, fondée sur la reconnaissance du rôle moteur des femmes dans la résilience communautaire.
Mme Hélène N’Garnim-Ganga, représentante du Système des Nations Unies en Côte d’Ivoire, a salué l’engagement de ces femmes « piliers silencieux de nos sociétés », en insistant sur la nécessité de les intégrer dans les stratégies de prévention des conflits.
La déclaration finale porte plusieurs engagements forts. Les femmes réunies à Abidjan proposent notamment :
- La mise en place d’un programme certifiant de formation en médiation ;
- Le lancement d’un mentorat intergénérationnel “Mères de la paix – Filles de demain” ;
- La tenue annuelle d’une Académie des femmes médiatrices dans l’un des pays participants ;
- L’instauration d’un quota de 40 % de femmes dans les missions de médiation, d’observation électorale et de prévention des conflits de la CEDEAO et de l’Union africaine ;
- La reconnaissance officielle des ambassadrices de paix régionales, dotées de mandats institutionnels clairs ;
- La création d’une Coordination régionale des femmes pour la paix dans le Golfe de Guinée, disposant d’un statut juridique et réunissant acteurs étatiques, organisations de la société civile et structures féminines nationales.
Portées par une vision commune de stabilité et de justice, ces femmes entendent transformer l’espace régional en un modèle de cohabitation pacifique. Elles appellent à la tenue régulière de forums pour suivre les avancées, échanger les expériences et renforcer la coopération régionale féminine.
Par cette Déclaration d’Abidjan, elles envoient un message clair : la paix durable ne se construira pas sans les femmes. Mieux, leur engagement est la clé d’une sécurité partagée et d’un avenir plus juste dans le Golfe de Guinée.
