Le tambour parleur Djidji Ayôkwé, emporté par l’armée coloniale en 1916 et transféré en France en 1929, retrouvera bientôt sa terre d’origine. L’Assemblée nationale française a voté, lundi 7 juillet 2025, à l’unanimité des 111 députés présents, en faveur de sa restitution à la Côte d’Ivoire.
Ce geste s’inscrit dans la dynamique de refondation des relations entre la France et l’Afrique, amorcée par Emmanuel Macron lors de son discours de Ouagadougou en 2017. La ministre française de la Culture, Rachida Dati, a salué une coopération exemplaire entre les ministères de la Culture et des Affaires étrangères, les équipes du musée du Quai Branly-Jacques Chirac, ainsi que celles du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire.
La procédure de restitution s’est faite en deux phases : un dépôt formel signé en novembre 2024 avec la ministre ivoirienne de la Culture, Françoise Remarck, suivi de l’adoption d’une loi dérogatoire au Code du patrimoine, qui interdit normalement la sortie des biens des collections nationales. Cette loi a été validée par le Sénat le 28 avril, puis en commission à l’Assemblée nationale le 2 juillet.
Rachida Dati a aussi annoncé qu’un projet de loi-cadre sur la restitution des biens culturels acquis illégalement sera présenté d’ici fin juillet et discuté au Parlement dès septembre.
Côté ivoirien, la nouvelle a été accueillie avec fierté. « Unanimité Djidji Ayôkwé », a réagi la ministre Françoise Remarck sur Facebook. Le ministère de la Culture a, quant à lui, souligné l’importance symbolique de ce retour, présenté comme une cause nationale et un vecteur de cohésion sociale. Un comité national présidé par le Premier ministre Robert Beugré Mambé préparera l’accueil de l’œuvre.
Instrument rituel et moyen de communication essentiel à son époque, le tambour parleur mesurant trois mètres pour 430 kg était notamment utilisé pour alerter les communautés en période de tensions. Il se trouve depuis 2022 dans les réserves du musée du Quai Branly, où il a été restauré en vue de son rapatriement.
La restitution interviendra à l’occasion de la réouverture prochaine du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire, avec le soutien de la France. Ce retour marque un tournant dans la politique mémorielle et patrimoniale entre les deux pays.