Soudan : MSF dénonce des atrocités à El Fasher et appelle à une action urgente

Médecins sans frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi sur la situation humanitaire désastreuse à El Fasher, dans le nord du Darfour, où les affrontements entre groupes armés rivaux plongent la population civile dans un cycle de violences extrêmes.

Dans un rapport intitulé « Assiégés, attaqués, affamés », l’ONG évoque des actes d’une rare brutalité : exécutions sommaires, viols, enlèvements, destructions ciblées et famine. MSF appelle à la fin immédiate des violences, en particulier des attaques à caractère ethnique, et exige un accès humanitaire sécurisé et sans entrave.

« Une offensive de grande ampleur contre des centaines de milliers de civils est imminente », alerte l’organisation, qui évoque des combats quotidiens d’une intensité alarmante dans la ville d’El Fasher.

Le rapport repose sur plus de 80 témoignages recueillis entre mai 2024 et mai 2025 auprès de déplacés et de patients. Ces récits pointent directement les Forces de soutien rapide (RSF) et leurs alliés, accusés de violences systématiques et ciblées à l’encontre de civils appartenant à certaines communautés.

D’après Michel-Olivier Lacharité, responsable des urgences à MSF, des civils sont visés pour des raisons ethniques. Des survivants rapportent des déclarations explicites appelant à « nettoyer » El Fasher. Des infrastructures médicales, humanitaires et civiles auraient également été délibérément visées.

En avril 2025, une attaque terrestre des RSF sur le camp de Zamzam a provoqué la fuite de quelque 400 000 personnes en moins de trois semaines. Une grande partie s’est réfugiée à El Fasher, aujourd’hui encerclée, coupée de toute aide humanitaire. D’autres ont fui vers Tawila ou vers la frontière tchadienne.

Mathilde Simon, conseillère en affaires humanitaires pour MSF, prévient : « Le spectre d’un massacre comme celui de 2023 au Darfour-Ouest plane à nouveau. Il faut briser cette spirale meurtrière. »

Depuis mai 2024, El Fasher est totalement assiégée. Les centres de santé soutenus par MSF ont été attaqués à plusieurs reprises, forçant l’organisation à suspendre ses opérations dans la ville en août 2024, puis à Zamzam en février 2025.

Le rapport pointe également la responsabilité des Forces armées soudanaises (SAF), accusées de bombardements aériens aveugles ayant causé d’importants dégâts dans des zones civiles. Une habitante raconte : « Ils ont bombardé notre quartier sans que les RSF soient présents. Puis les pilotes sont revenus présenter leurs excuses. »

Depuis le déclenchement de la guerre civile en avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit sanglant qui a fait des milliers de morts et contraint plus de trois millions de personnes à fuir.

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