Gaza : Jean-Noël Barrot réclame la fin du système israélien militarisé de distribution de l’aide

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a demandé l’arrêt immédiat du système militarisé de distribution de l’aide humanitaire mis en place par Israël dans la bande de Gaza. Il dénonce un dispositif meurtrier, responsable, selon lui, de la mort de centaines de civils palestiniens.

Intervenant ce jeudi sur BFMTV, Barrot a fustigé un système qui, en un mois, a coûté la vie à plusieurs centaines de personnes dans les files d’attente. Il critique une méthode qui oblige des Gazaouis « affamés » à risquer leur vie pour un sac de farine. « Ce système doit cesser », a-t-il déclaré, tout en appelant à une reprise de l’aide humanitaire sous l’égide des Nations unies et des ONG.

La France et l’Union européenne se disent prêtes à participer à une protection neutre des distributions, a-t-il ajouté.

L’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, a publié un communiqué alarmant ce même jour, dénonçant des civils « abattus ou écrasés par des camions » dans leur tentative d’accéder à l’aide. Elle réclame des enquêtes indépendantes sur les morts et les blessés recensés. Selon l’ONU, plus de 600 civils ont été tués et plus de 4 000 blessés depuis fin mai dans ce contexte.

Le système actuellement en place, coordonné par Israël et certaines entités partenaires comme la Gaza Humanitarian Foundation, est qualifié de « mortel » par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Des témoins évoquent l’usage de balles réelles, de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes par les forces israéliennes contre des foules civiles. Des sociétés de sécurité privées seraient également impliquées.

Face à une famine imminente qui menace plus d’un million de personnes à Gaza, les appels à une réforme en profondeur des circuits de l’aide se multiplient.

Depuis la reprise des offensives israéliennes le 18 mars 2025, près de 6 000 Palestiniens ont été tués. Le bilan global du conflit, déclenché en octobre 2023 après une attaque du Hamas, dépasse désormais les 57 000 morts à Gaza, en majorité des civils, dont de nombreuses femmes et enfants.

Malgré les décisions de la Cour internationale de Justice en janvier 2024 exigeant la prévention de tout acte de génocide et l’autorisation de l’aide humanitaire, et les mandats d’arrêt émis en novembre 2024 par la Cour pénale internationale contre plusieurs responsables israéliens, dont le Premier ministre Benyamin Netanyahu, la situation humanitaire continue de se dégrader.

Le blocus israélien reste strict, avec un accès humanitaire quasi nul. Israël invoque des raisons de sécurité, tandis que des ONG comme Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council dénoncent un « effondrement total » de l’aide, qualifiant la situation de « l’un des pires échecs humanitaires de notre époque ». Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, l’a affirmé sans détour : « aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza ».

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