Côte d’Ivoire : la mémoire pour reconstruire l’avenir et prévenir les rechutes

Près de quinze ans après la crise postélectorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire poursuit ses efforts de réconciliation. Le 11 avril 2025, deux mémoriaux ont été inaugurés à Abidjan, dont un à Abobo, en hommage aux victimes du conflit. Quatre autres sont prévus ailleurs dans le pays. Ces monuments, réalisés par de jeunes artistes, symbolisent un lien entre mémoire collective et construction nationale.

Pour Madeleine Gozé, représentante des victimes, il est crucial de transmettre l’histoire aux nouvelles générations. « Les enfants doivent savoir ces faits pour ne pas laisser l’histoire se répéter », a-t-elle déclaré lors de la cérémonie d’Abobo.

Après la crise, les autorités ont engagé une série de mesures. Dès 2011, des mécanismes de justice transitionnelle sont mis en place : cellule d’enquête spéciale, Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), puis Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv), qui a recensé près de 160 000 personnes touchées.

Le Programme national de cohésion sociale, lancé en 2012 et doté d’un fonds de 10 milliards FCFA fin 2014, assure l’indemnisation des victimes. Dans les zones fortement marquées par les violences, comme Duékoué, des actions de proximité ont permis un début de reconstruction du tissu social.

La justice et la lutte contre l’impunité sont érigées en priorité. L’amnistie de 2018 et le retour de Laurent Gbagbo en 2021 ont favorisé un climat politique plus apaisé. Les législatives de 2021 ont ainsi pu se tenir dans un contexte calme.

En parallèle, le gouvernement mise sur l’avenir des jeunes. Un programme de 1 118 milliards FCFA, pour la période 2023-2025, vise à accompagner 1,5 million de jeunes. Plus de 225 000 d’entre eux ont déjà été soutenus dans l’entrepreneuriat, dont près de 59 % de femmes.

À quelques mois de la présidentielle du 25 octobre 2025, les autorités affichent leur volonté d’organiser un scrutin apaisé et transparent. Dans cette dynamique, la mémoire devient un outil de paix.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *