Mali : l’armée malienne marque des points face aux groupes jihadistes

L’armée malienne a remporté plusieurs succès tactiques lors de violents affrontements avec des groupes jihadistes dans le centre et l’ouest du pays, tout en capturant un cadre influent de l’État islamique au Sahel (EIS) dans le nord. Ces opérations montrent une montée en puissance des forces maliennes, mais révèlent aussi la persistance d’une menace jihadiste multiforme qui continue de peser sur l’ensemble du territoire.

Le 1er juillet 2025, les Forces armées maliennes (FAMa), appuyées par des éléments du Corps africain, un contingent russe officiellement intégré dans le dispositif de défense, ont repoussé des attaques coordonnées du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) dans sept localités stratégiques. Ces localités comprenaient Niono, Molodo, Sandaré, Gogui, Nioro du Sahel, Kayes et Diboli.

Les batailles clés

À Niono, un point névralgique de la région de Ségou, une centaine de combattants jihadistes ont tenté de submerger les positions maliennes. Selon l’état-major malien, plus de 80 assaillants ont été neutralisés, plusieurs armes saisies et des prisonniers faits. Le JNIM a revendiqué l’attaque, affirmant avoir infligé de lourdes pertes à l’armée malienne et capturé du matériel militaire, ce qui témoigne de la violence et de l’intensité des affrontements.

À Diboli, près de la frontière avec le Sénégal, les assaillants ont ciblé des postes de sécurité étatiques. Cette attaque est particulièrement significative car elle marque la première fois qu’un poste aussi proche du territoire sénégalais est attaqué de manière aussi frontale. Cela survient malgré la mise en place récente de patrouilles mixtes Mali-Sénégal dans cette zone frontalière.

Capture de hauts responsables jihadistes

Sur un autre front, l’armée malienne a réussi un coup de maître avec l’arrestation d’un haut responsable de l’EIS à Gao. Abraham Boubacar, alias « Oubel », le chef du Groupe d’action terroriste (GAT) de l’EIS dans la région de Tessit, a été capturé le 29 juin 2025, accompagné de dix de ses hommes. Cette opération est saluée comme une prise majeure par les services de renseignement maliens, car l’EIS demeure actif dans la région, notamment sur les axes transfrontaliers avec le Burkina Faso et le Niger.

Moins de 24 heures après cette capture, un autre cadre de l’EIS, « Abou Dahdah », a été neutralisé près de Ménaka. Spécialiste des engins explosifs et idéologue du groupe, sa mort représente un autre coup dur pour l’EIS dans cette zone.

Une victoire tactique, mais une menace persistante

Ces succès sont toutefois à nuancer. Bien qu’elles traduisent une amélioration tactique de l’armée malienne, elles demeurent fragiles et localisées. Les groupes armés conservent une grande capacité de nuisance et d’adaptation. Le fait que des attaques aient été menées simultanément sur plusieurs fronts, notamment sur un poste frontalier, met en évidence les limites des dispositifs de sécurité, même avec des coopérations régionales renforcées.

De plus, cette situation met en lumière la complexité de la guerre menée contre les groupes jihadistes au Mali. Bien que les forces maliennes aient remporté des victoires militaires importantes, chaque succès doit être consolidé politiquement et sécuritairement pour garantir une stabilité durable. Le Mali semble engagé dans une guerre d’usure où les progrès militaires doivent se traduire par un renforcement des institutions et une gestion efficace de la sécurité pour avoir un impact long terme.

Les forces maliennes et leurs alliés étrangers doivent encore relever des défis importants pour éradiquer la menace jihadiste et restaurer la stabilité, en particulier dans les zones les plus sensibles du pays et de la région sahélienne.

Partage:
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *