Nestlé Waters a commercialisé pendant plusieurs années de l’eau minérale non conforme aux normes en vigueur, avec la complicité silencieuse de l’État français. C’est ce que révèle un rapport explosif de la commission d’enquête sénatoriale publié lundi. Selon ce document, Nestlé a volontairement abaissé le seuil de microfiltration de ses eaux minérales à 0,2 micron en dessous du seuil réglementaire de 0,8 micron. Cette manipulation visait à masquer la présence de substances chimiques ou fécales. Le rapport parle d’une stratégie “transactionnelle” de la part de l’entreprise, qui aurait conditionné l’arrêt de traitements illégaux à une autorisation gouvernementale.
La tricherie aurait été connue au sommet de l’État depuis au moins 2022. La présidence de la République aurait été informée dès 2021 par la direction de Nestlé, qui avait découvert des désinfections interdites sur les sites Perrier, Hépar et Contrex. Pourtant, aucune suite judiciaire n’a été donnée.
Le rapport cite l’ancien secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, qui avait reçu les dirigeants de Nestlé, mais a refusé d’être auditionné. Il a démissionné en mars dernier. La justice a classé sans suite son refus de comparution, pourtant passible de deux ans de prison et de 7500 euros d’amende.
Malgré l’ampleur du scandale, aucune mise en cause directe ne vise Emmanuel Macron ni la Première ministre Elisabeth Borne. Le rapport formule 28 recommandations, dont un contrôle accru de la qualité des nappes, la surveillance des prélèvements et un étiquetage plus clair pour les consommateurs.
Ce nouvel épisode soulève des questions graves sur les relations entre l’État et les grandes entreprises, et sur l’accès des citoyens à une information transparente sur ce qu’ils consomment.