Le centriste pro-européen et maire de Bucarest, Nicusor Dan, a remporté l’élection présidentielle roumaine dimanche 18 mai, en devançant son rival d’extrême droite George Simion avec plus de 54 % des suffrages exprimés, selon des résultats quasi définitifs. Le scrutin, marqué par une grande tension et une publication confuse des résultats, a vu plusieurs retournements durant le dépouillement. George Simion, arrivé en tête au premier tour, a un temps été donné vainqueur avant d’être finalement devancé par Nicusor Dan. Le candidat populiste a dénoncé des fraudes, sans apporter de preuves convaincantes.
Devant ses partisans réunis dans un parc de Bucarest, Nicusor Dan a salué une « victoire d’une communauté de Roumains désireux d’un profond changement ». Le nouveau président, âgé d’une cinquantaine d’années, a promis de se mettre rapidement au travail : « Savourons cette soirée, et à partir de demain, reconstruisons la Roumanie ».
Une élection sous haute surveillance
La présidentielle roumaine était suivie de près par Bruxelles et Washington, dans un contexte de progression des extrêmes en Europe. L’Union européenne craignait de voir un nouveau dirigeant d’extrême droite prendre le pouvoir dans un pays membre, tandis que les États-Unis insistaient sur la nécessité d’un scrutin transparent, après le fiasco électoral de l’automne 2024.
Ce précédent scrutin, annulé par la Cour constitutionnelle le 6 décembre, avait été entaché de graves irrégularités. Calin Georgescu, un candidat nationaliste inconnu du grand public, avait alors surpris en s’imposant au premier tour grâce à une campagne virale sur TikTok. Des soupçons d’ingérence russe avaient rapidement émergé. Depuis inculpé, Georgescu a été écarté de la course, une décision qui avait déclenché de violentes manifestations de ses soutiens dénonçant un « déni de démocratie ».
Cap sur l’Europe
L’élection de Nicusor Dan est perçue comme un signal fort en faveur de l’Union européenne. Dans un contexte géopolitique tendu, avec la guerre en Ukraine aux portes du pays, la Roumanie membre de l’UE et pilier stratégique de l’OTAN depuis 2022 cherche à consolider sa position de partenaire fiable de l’Occident.
En remportant la présidence, Nicusor Dan s’impose comme un rempart face aux dérives populistes et nationalistes, dans un pays de 19 millions d’habitants où les tensions politiques restent vives. Il lui faudra désormais transformer cette victoire électorale en dynamique de réforme et de cohésion nationale.
