La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania tourne actuellement en Tunisie un film inspiré de l’assassinat de la fillette palestinienne Hind Rajab, tuée en janvier 2024 dans la Bande de Gaza par des tirs de l’armée israélienne. L’information a été révélée par le magazine américain Variety. Le projet, dont le titre n’est pas encore connu, s’appuie sur une production internationale. Il est mené par Nadim Cheikhrouha, collaborateur de longue date de Ben Hania, avec le soutien de la société britannique Film4. L’équipe comprend également la productrice oscarisée Odessa Rae (Navalny, Hollywoodgate) et James Wilson, producteur du film The Zone of Interest, récompensé aux Oscars 2024.
Kaouther Ben Hania, reconnue pour son cinéma engagé, est l’auteure de plusieurs œuvres saluées : La belle et la meute (2017), L’Homme qui a vendu sa peau (nommé aux Oscars 2021) et Les filles d’Olfa (nommé en 2024). Ce nouveau film s’inscrit dans la continuité de son œuvre, entre dénonciation et mémoire. L’histoire de Hind Rajab a bouleversé l’opinion mondiale. Le 29 janvier 2024, à Gaza, alors qu’elle tentait de fuir avec sa famille les combats dans le quartier de Tel al-Hawa, leur voiture est prise pour cible. Seules Hind, 6 ans, et sa cousine Layan, 14 ans, survivent quelques instants. Des enregistrements captent leurs derniers appels désespérés aux secours. L’ambulance envoyée est elle aussi visée. Douze jours plus tard, les corps des fillettes, des membres de leur famille et des secouristes sont retrouvés, criblés de balles.
Si l’armée israélienne nie sa responsabilité, des enquêtes indépendantes la contredisent. Forensic Architecture a relevé 335 impacts de balles sur le véhicule. Leur analyse pointe des tirs venus d’un char Merkava israélien à seulement 13 à 23 mètres. Le 3 mai 2025, date à laquelle Hind aurait eu 7 ans, la Fondation qui porte son nom a identifié le commandant de l’unité responsable et a porté plainte devant la Cour pénale internationale contre le lieutenant-colonel Beni Aharon.
Le film de Kaouther Ben Hania s’annonce comme un hommage poignant à la mémoire de l’enfant et une dénonciation forte des crimes de guerre commis à Gaza.
