Succès Masra, leader du parti d’opposition Les Transformateurs, a été interpellé à l’aube du vendredi 16 mai à son domicile par la police judiciaire tchadienne. Quelques heures après cette arrestation qualifiée de « brutale » par ses proches, une délégation du parti a pu lui rendre visite. Selon une publication sur la page Facebook officielle des Transformateurs, cette rencontre, effectuée en présence des avocats de Masra, a permis de constater que l’opposant « va bien ». Le parti a appelé ses militants à rester calmes mais vigilants, dans l’attente de nouvelles consignes.
Son arrestation a suscité l’émoi au sein de la classe politique et de l’opinion publique, d’autant qu’une vidéo, extraite d’une caméra de surveillance, montre l’ancien Premier ministre de transition entouré par les forces de l’ordre au moment de son interpellation. Le vice-président du parti, Dr Ndolembai Njessada, parle d’un « enlèvement manu militari ».
D’après le parquet général de N’Djaména, Masra est visé par un mandat d’arrêt émis dans le cadre d’une enquête sur des violences survenues le 14 mars 2024 à Mandakao, localité du Logone Occidental. Il est soupçonné d’avoir diffusé des messages incitant à la violence contre une communauté locale, ce qui aurait entraîné la mort de 42 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ainsi que la destruction d’habitations et la profanation de sépultures.
Le procureur Oumar Mahamat Kédélay a précisé que Masra est actuellement gardé à la police judiciaire et que l’affaire suit son cours normal. Les Transformateurs, de leur côté, dénoncent une manœuvre politique et maintiennent leur mobilisation.