Bénin : récépissé du parti LLB, le MISP fait tomber le masque d’un leader sans scrupules

Il se rêve guide du peuple, modèle de vertu, héraut de la bonne gouvernance. Sur les réseaux sociaux, il prêche la probité. Dans les médias, il s’érige en parangon d’éthique. Toujours prompt à dénoncer, jamais à douter de lui. Et pourtant, le vernis craque. Le voilà pris dans la nasse d’une affaire de corruption aussi banale que pitoyable. L’homme qui aspirait à incarner le renouveau politique vient de se heurter à une vérité implacable : on ne triche pas avec l’exemplarité.

À travers un circulaire, le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique (MISP) a déroulé les étapes du processus de déclaration du parti « Le Libéral » (LLB). Derrière le langage administratif, se dessine une réalité moins reluisante : celle d’un leader politique prêt à tout même à corrompre pour obtenir le précieux récépissé. Un accroc grave à l’éthique, mais aussi un aveu désarmant d’impatience et de duplicité.

Le dossier initial du parti, déposé en août 2024, souffrait d’insuffisances majeures. Soixante-cinq pages de corrections : difficile de faire plus éloquent pour témoigner de l’amateurisme initial. Les itérations se succèdent, les carences demeurent. Mais au lieu de redresser la barre, de retravailler avec rigueur et sérieux, le leader de LLB aurait préféré une voie parallèle : celle de la compromission.

Selon les révélations du MISP, c’est en coulisse que tout s’est joué. Un cadre du ministère, en mal d’intégrité, aurait tendu une perche que le fondateur du parti s’est empressé de saisir : argent contre validation. C’est ainsi qu’au lieu de franchir les étapes institutionnelles par le mérite et la conformité, il a préféré graisser la machine. Pire : il aurait consenti à l’implication d’un second fonctionnaire, ajoutant une couche supplémentaire à ce théâtre de l’indignité.

Le 28 avril, toujours selon le document publié par le MISP,  le parti « Le Libéral » obtient un récépissé provisoire, et croit avoir franchi le Rubicon. Mais la justice, elle, n’oublie pas. Alerté par des informations fiables, le ministre de l’Intérieur ordonne immédiatement des interpellations. Les deux cadres impliqués sont suspendus, les procédures judiciaires enclenchées. Une décision salutaire, mais qui jette une ombre indélébile sur le processus d’enregistrement du parti.

Le plus troublant dans cette affaire n’est pas tant la corruption hélas banale dans certaines sphères que l’identité de celui qui l’a pratiquée. Car celui-là même qui, en public, invoquait les « bonnes valeurs », en privé, marchandait la légitimité politique. La dissonance est criante. Elle révèle le vrai visage d’un homme dont l’ambition a visiblement pris le pas sur la conscience.

Leçon politique ou simple épisode ?

Ce scandale ne doit pas être minimisé. Il appelle une réaction forte, non seulement de la justice, mais aussi de l’opinion publique. Peut-on sérieusement prétendre incarner le changement quand on reproduit les vieux schémas ? Peut-on appeler à la moralisation de la vie publique quand on cède aux réflexes les plus cyniques du clientélisme ? La réponse est non.

Le cas du parti « Le Libéral » un nom qui sonne désormais comme une ironie cruelle doit faire école. Il rappelle que le véritable leadership ne se décrète pas à coup de slogans ou de publications Facebook. Il se construit dans la droiture, l’exemplarité et le respect des règles communes. Sans cela, toute ambition politique n’est qu’une imposture.

Aujourd’hui, les masques tombent. Demain, espérons-le, viendra le temps des comptes. Pas seulement pour les fonctionnaires véreux, mais aussi pour ceux qui ont tenté de corrompre le système tout en prétendant vouloir le réformer. Car la vraie rupture commence par soi-même. Et c’est précisément ce qui manque, tragiquement, à ce faux messie de la politique. La Rupture avait raison !

Selon plusieurs médias locaux, le procureur spécial de la CRIET fera un point de presse en fin de matinée, ce vendredi. A suivre !

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