La France conserve sa place de première destination des investissements étrangers en Europe pour la sixième année consécutive, selon le baromètre 2025 du cabinet EY publié mercredi 14 mai. Avec 1 025 projets annoncés en 2024, elle devance le Royaume-Uni (853) et l’Allemagne (608). Mais cette première place masque une dynamique en perte de vitesse.
Le nombre de projets est au plus bas depuis 2020 et les emplois créés (29 000) au plus bas depuis 2017. Pour EY, ce recul s’inscrit dans une baisse générale des investissements en Europe et un regain d’attractivité des États-Unis. Sur un an, les nouveaux projets ont chuté de 5 % en Europe mais progressé de 20 % en Amérique du Nord, grâce notamment aux mesures incitatives de l’administration Biden comme l’Inflation Reduction Act.
L’arrivée de Donald Trump et sa stratégie de surtaxes douanières renforcent cette tendance. En parallèle, les entreprises américaines investissent moins en Europe : elles ont généré 58 000 emplois en 2024 contre 113 000 en 2021. À la veille du sommet « Choose France » organisé à Versailles le 12 mai, le gouvernement s’appuie sur le classement d’EY pour justifier sa politique de réindustrialisation. Pourtant, la majorité des projets en France concernent des extensions de sites existants, contrairement à l’Espagne, la Pologne ou l’Allemagne qui attirent davantage de créations de sites industriels. Seulement 15 % des investissements industriels en France concernent de nouvelles implantations, générant en moyenne 33 emplois par site. Un résultat modeste, qui place le pays à la dixième place européenne sur ce critère.
Les réformes françaises en matière de fiscalité et de droit du travail peinent à compenser le coût de la main-d’œuvre et les incertitudes politiques. La qualité de l’innovation et du capital humain reste cependant un atout fort, reconnu par les investisseurs. Selon le cabinet du ministre Laurent Saint-Martin, « un projet d’investissement sur cinq en Europe se dirige vers la France », signe que la stratégie reste payante malgré les vents contraires.