Sanofi a annoncé un plan d’investissement d’au moins 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030. Le géant pharmaceutique français, dont la moitié du chiffre d’affaires est réalisée sur le sol américain, renforce ainsi sa stratégie d’implantation pour anticiper les tensions commerciales et répondre aux exigences croissantes de production locale.
Le groupe prévoit d’augmenter ses dépenses en recherche et développement, et d’étendre ses capacités de production sur le territoire américain. Ces investissements se feront à travers l’expansion de ses sites existants, actuellement au nombre de cinq, et via des partenariats avec des fabricants locaux. Objectif affiché : garantir la fabrication de médicaments essentiels aux États-Unis.
L’annonce, attendue depuis fin avril, intervient dans un climat d’incertitude sur la politique de santé américaine. Bien que les produits pharmaceutiques ne soient pas encore touchés par les droits de douane, la menace reste latente. Le président Donald Trump a d’ailleurs dévoilé un plan visant à abaisser les prix des médicaments sur ordonnance en les alignant sur les plus bas pratiqués à l’international.
Sanofi n’est pas seul dans cette course à la relocalisation. Merck, Eli Lilly, Johnson & Johnson, Roche ou encore Novartis ont déjà annoncé des investissements conséquents aux États-Unis pour se prémunir des risques protectionnistes et rester compétitifs sur un marché où les prix sont en moyenne 2,5 fois plus élevés qu’en France, selon une étude de la Rand Corporation.
Pour Sanofi, cette orientation stratégique répond à une double logique : s’aligner sur les attentes du gouvernement américain tout en capitalisant sur le premier marché pharmaceutique mondial. Le groupe emploie actuellement 13.000 personnes aux États-Unis. Il assure que ses investissements créeront à terme “un nombre important d’emplois bien rémunérés”.
Du côté européen, les industriels du secteur s’inquiètent d’un déséquilibre croissant et appellent à des mesures de soutien, notamment une révision des politiques de prix. Les États-Unis absorbent près de 40% des exportations pharmaceutiques européennes hors UE, générant un excédent record de 74 milliards d’euros en 2024, selon Eurostat.
Sanofi espère ainsi consolider ses positions aux États-Unis, tout en limitant les risques commerciaux. Mais cette course à l’investissement outre-Atlantique met aussi en lumière le besoin pressant pour l’Europe de réaffirmer son attractivité industrielle.