Le tribunal du Havre a condamné Renault, mardi 13 mai, à une amende de 18.750 euros pour avoir eu recours de manière illégale à des intérimaires entre 2014 et 2018 à son usine de Sandouville, en Seine-Maritime. L’entreprise était poursuivie pour avoir maintenu en intérim des salariés sur des postes permanents et durables, violant ainsi le code du travail. Pendant la période incriminée, l’usine a parfois compté jusqu’à 80 % d’intérimaires parmi ses effectifs, selon le rapport d’enquête.
Représentée à l’audience par Luca de Meo, Directeur général de Renault, et Jean-Luc Mabire, ex-directeur du site, la société devra également afficher pendant deux mois la décision devant le site concerné et publier un avis de condamnation dans Paris-Normandie, à ses frais. L’enquête, ouverte après les révélations du site d’investigation Le Poulpe en 2019, a établi qu’en moyenne, 1.238 intérimaires travaillaient chaque mois à Sandouville, souvent affectés à la chaîne de production. Cette stratégie permettait à Renault d’adapter les cadences selon les commandes, tout en maintenant une flexibilité extrême de la main-d’œuvre.
Pourtant, des documents internes transmis par la CGT démontraient que la production était planifiée sur plusieurs mois, preuve que l’entreprise aurait pu embaucher durablement. Les anciens responsables de l’usine avaient invoqué un débordement face à la hausse d’activité, mais les inspecteurs du travail estimaient que Renault avait sciemment maintenu des intérimaires dans une situation précaire, au détriment de leur sécurité. Ils constituent, selon le rapport, les premières victimes d’accidents du travail sur le site.