Donald Trump entame ce mardi une tournée dans le Golfe, avec des escales prévues en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis. Objectif affiché : signer des contrats massifs plutôt que régler les grands dossiers diplomatiques du Moyen-Orient. Il s’agit du premier voyage à l’étranger du président américain depuis le début de son second mandat, présenté par la Maison-Blanche comme un « retour historique ». Huit ans plus tôt, Trump avait déjà fait de Ryad la première étape de son tout premier déplacement présidentiel, une préférence renouvelée aujourd’hui au détriment des alliés occidentaux, reflet d’un pragmatique intérêt économique.
Les dirigeants de Ryad, Doha et Abou Dhabi comptent dérouler le tapis rouge. À la clé : des contrats colossaux dans les domaines de la défense, de l’aviation, de l’énergie et de l’intelligence artificielle. Selon Daniel B. Shapiro, analyste à l’Atlantic Council, Trump devrait axer ses discussions sur les “deals” et les investissements directs dans l’économie américaine. Le ton a été donné en janvier dernier, lorsque le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est engagé à injecter 600 milliards de dollars dans des projets aux États-Unis. Trump, fidèle à son style, avait alors lancé : « Je lui demanderai d’arrondir à mille milliards. Je pense qu’ils le feront ».
Sur le plan sécuritaire, Riyad souhaiterait sécuriser rapidement des livraisons de F-35 et de systèmes antimissiles. « Nous voulons que cela soit livré pendant le mandat de Trump », a indiqué un responsable saoudien sous anonymat.
Mais cette visite, aussi stratégique soit-elle, divise. Certains Saoudiens y voient une chance de faire avancer les intérêts du monde arabe, d’autres s’inquiètent d’un bilan diplomatique flou, d’une relation strictement transactionnelle, et d’une indifférence totale aux droits humains. Sur la Palestine, Riyad campe sur sa position : aucune normalisation avec Israël ne sera envisagée sans un État palestinien souverain. La guerre à Gaza, toujours en cours, ferme donc toute porte à une percée régionale majeure.
Enfin, Trump n’a pas attendu d’atterrir pour déclencher une polémique. Il lui est reproché d’avoir accepté un Boeing 747-8 offert par la famille royale qatarie, destiné à remplacer Air Force One après sa présidence. Il a tenté d’éteindre la controverse en parlant d’un « cadeau temporaire ». Dans un Moyen-Orient en recomposition, Trump ne vient pas en médiateur. Il vient en négociateur, priorisant les contrats aux compromis.