Hier, lundi 6 octobre, Matthieu Blazy a signé ses débuts très attendus chez Chanel lors de la Fashion Week parisienne, présentant une première collection printemps-été 2026 qui revisite les codes fondateurs de la maison dans un dialogue entre tradition et modernité.
Sous la verrière du Grand Palais, transformé pour l’occasion en une véritable galaxie, le créateur franco-belge de 41 ans a mêlé héritage et audace. Les tailleurs pantalons aux vestes raccourcies, les jupes droites fendues et les chemises associées à des jupes en plumes illustrent sa réinterprétation de l’esprit masculin-féminin cher à Gabrielle Chanel. Il déconstruit les classiques avec des tweeds effilochés, des mailles colorées ornées de camélias, et remet la taille basse au goût du jour, le tout dans une palette vibrante dominée par le rouge.
« Ce qui est bien, c’est qu’il a continué à jouer avec les codes, mais s’est aussi donné des libertés nécessaires », explique Bruno Pavlovsky, président des activités mode de Chanel. Le créateur s’est appuyé sur une bande-son éclectique, de MC Solaar aux génériques des années 2000, insufflant un souffle nouveau à la marque et séduisant notamment la génération des millenials.
Avant même l’apparition de Blazy pour les saluts, la salle a ovationné la collection. Parmi les invités de prestige, Nicole Kidman, nouvelle égérie de Chanel, Madonna, Pedro Pascal et Penélope Cruz occupaient le premier rang.
Nommé en décembre 2024, Blazy succède à Virginie Viard et hérite du défi de faire évoluer Chanel tout en préservant son élégance et son iconique héritage. « Il a ouvert de nouvelles portes… Faire bouger la marque, c’est ce qu’on lui a demandé », assure Pavlovsky.
Diplômé de l’école de mode de Bruxelles, La Cambre, Blazy a fait ses armes auprès de Raf Simons, Maison Martin Margiela, Céline, Calvin Klein et Bottega Veneta. À Bottega, il modernise l’intrecciato et impose une grammaire créative mêlant silhouettes sculptées et mouvement, séduction des critiques et fidélisation des clients, malgré un contexte économique difficile pour le luxe.
Chanel a annoncé en mai une baisse de 28,2 % de son bénéfice net en 2024, à 3,4 milliards de dollars, conséquence du ralentissement du marché chinois et des droits de douane américains. « Chanel s’en est bien sorti. Ça aurait pu être beaucoup plus difficile », note Pavlovsky, rappelant que la maison a doublé son chiffre d’affaires en trois ans.
Cette première collection de Blazy confirme que Chanel entre dans une nouvelle ère, où tradition et audace se répondent dans un même élan créatif.