L’Unesco veut combler le retard du continent africain en matière d’inscriptions au patrimoine mondial. Lors de sa réunion à Paris, l’organisation a retiré trois sites africains de la liste du patrimoine mondial en péril : les forêts humides de l’Atsinanana (Madagascar), le site d’Abou Mena (Égypte) et la vieille ville de Ghadamès (Libye).
Pour Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, ces retraits témoignent des efforts spécifiques en faveur de l’Afrique, longtemps sous-représentée : seuls 108 sites africains figurent parmi les 1 223 biens classés, soit moins de 9 %. Onze pays, dont les Comores, la Somalie ou encore le Libéria, ne comptent aucun site inscrit.
L’Unesco a pourtant vu le jour dans un contexte africain : c’est la mobilisation internationale autour du sauvetage du temple d’Abou Simbel, menacé par le barrage d’Assouan, qui a inspiré la Convention de 1972 sur le patrimoine mondial.
Le manque de ressources, la faiblesse des capacités techniques et les conflits armés freinent encore les efforts africains. Douze des 53 sites actuellement en péril sont en Afrique, notamment le parc des Virunga (RDC) ou Tombouctou (Mali), affectés par les violences armées et le changement climatique.
Cependant, plusieurs initiatives ont porté leurs fruits. Le parc de la Salonga (RDC), les tombeaux des rois Buganda (Ouganda) et le parc de Niokolo-Koba (Sénégal) ont été retirés de la liste en péril ces dernières années grâce à des plans de sauvegarde coordonnés.
Former, financer, faire participer
L’Unesco consacre aujourd’hui 27 % de son budget à l’Afrique. À travers des programmes comme celui lancé en 2021 pour former 60 experts africains du patrimoine, elle cherche à renforcer les capacités locales. Le Document de Nairobi adopté récemment propose d’ailleurs d’élargir la notion d’authenticité aux traditions orales et aux pratiques culturelles vivantes.
Quatre nouvelles candidatures africaines
Quatre nouveaux sites africains sont en lice cette année, dont deux issus de pays sans aucune inscription actuelle :
- L’archipel des Bijagos (Guinée-Bissau), riche en biodiversité marine,
- Le complexe Gola-Tiwai (Sierra Leone), forêt primaire abritant éléphants et hippopotames pygmées,
- Les monts Mandara (Cameroun),
- Le mont Mulanje (Malawi).
Ces candidatures seront examinées cette semaine à Paris. Si elles sont acceptées, elles renforceront la visibilité du patrimoine naturel et culturel africain, et marqueront une étape clé vers une meilleure représentativité du continent.