Obésité : le Vietnam connaît une progression alarmante, plus rapide que ses voisins d’Asie du Sud-Est

Le surpoids et l’obésité explosent au Vietnam, avec une hausse de 38 % des cas, selon le professeur associé Nguyên Anh Tuân, chef du service de chirurgie digestive de l’hôpital militaire central 108. Le pays devance désormais ses voisins régionaux en matière de progression, au point d’en faire un problème de santé publique majeur. Les chiffres sont particulièrement préoccupants chez les enfants : en dix ans, la proportion d’enfants en surpoids ou obèses est passée de 8,5 % à 19 %. Dans les grandes villes, le phénomène atteint des sommets : plus d’un enfant sur deux à Hô Chi Minh-Ville et plus de 40 % à Hanoï sont touchés. En milieu urbain, la prévalence générale dépasse 26 %, contre 18 % dans les zones rurales.

À l’origine : des changements de mode de vie, une urbanisation rapide, mais aussi une méconnaissance de la maladie. L’étude ACTION-Vietnam, menée par Novo Nordisk et des chercheurs locaux, met en lumière un manque criant de communication entre les soignants et les patients. Près de la moitié des personnes interrogées se sentent gênées d’aborder leur poids avec un professionnel de santé, et 40 % des médecins hésitent à en parler.

Pour la Dre Georgia Rigas, spécialiste australienne, cette approche trop tardive et centrée sur les complications est inefficace : « L’obésité est une maladie chronique, évolutive, et non une question de volonté », insiste-t-elle. Elle plaide pour une gestion proactive, pluridisciplinaire, fondée sur des données scientifiques, à l’image du traitement des autres maladies chroniques.

En parallèle, Novo Nordisk, déjà pionnier dans la lutte contre le diabète, affirme vouloir « refonder l’approche vietnamienne de la prise en charge de l’obésité ». L’entreprise travaille avec les autorités sanitaires pour améliorer la prévention, réduire la stigmatisation et renforcer la formation des soignants.

À mesure que le Vietnam rattrape les pays industrialisés dans ses indicateurs économiques, il hérite aussi de leurs dérives sanitaires. Le défi désormais : contenir cette épidémie avant qu’elle ne devienne hors de contrôle.

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