
À l’heure où une partie de l’Afrique est traversée par des ruptures politiques, des tensions institutionnelles et une fragilisation croissante des équilibres macroéconomiques, le Bénin suit une trajectoire singulière. Sans bruit, sans effets d’annonce, le pays a consolidé ses fondamentaux économiques et renforcé sa crédibilité institutionnelle. Cette trajectoire n’est ni le fruit du hasard ni celui d’une conjoncture favorable. Elle repose sur une gouvernance économique assumée, méthodique, incarnée depuis 2016 par Romuald Wadagni, ministre de l’Économie et des Finances.
La crédibilité comme ressource stratégique
Dans l’économie mondiale, la crédibilité est devenue une monnaie rare. Pour les États à revenus intermédiaires ou émergents, elle conditionne l’accès aux marchés, la qualité du partenariat avec les bailleurs et, plus largement, la marge de manœuvre politique. Depuis près d’une décennie, le Bénin a fait de cette crédibilité un objectif stratégique. Discipline budgétaire, transparence de la gestion publique, réformes séquencées et lisibles : l’État a privilégié la constance à la précipitation, la rigueur à la facilité. Les résultats sont visibles. Alors que de nombreux pays comparables ont perdu l’accès aux marchés financiers internationaux, le Bénin a continué à mobiliser des ressources, à refinancer sa dette de manière proactive et à préserver sa stabilité macroéconomique, y compris pendant la pandémie et les chocs globaux récents.
Au-delà de la technocratie : l’économie comme instrument de souveraineté
Romuald Wadagni est souvent qualifié de technocrate. L’étiquette est réductrice. Son apport majeur réside dans sa compréhension fine du lien entre économie et souveraineté contemporaine. À l’ère de la financiarisation et de l’interdépendance mondiale, la fragilité budgétaire se traduit rapidement par une vulnérabilité politique et diplomatique. La gestion de la dette publique en est une illustration centrale. Ni rejet idéologique, ni fuite en avant : la dette est pensée comme un outil. Structurée, refinancée, alignée sur l’investissement productif plutôt que sur la dépense politique, elle devient un levier d’autonomie plutôt qu’un facteur de dépendance. Cette approche a permis au Bénin de négocier avec ses partenaires internationaux en position d’acteur responsable, et non de demandeur sous contrainte.
Un contre-modèle discret en Afrique de l’Ouest
La portée de l’expérience béninoise dépasse le cadre national. En Afrique de l’Ouest, les débats sur la souveraineté, l’influence extérieure et les modèles de gouvernance sont souvent marqués par la radicalité des discours et la brutalité des ruptures institutionnelles. Face à cela, le Bénin propose un contre-modèle : réformer sans rompre, affirmer l’autorité de l’État sans autoritarisme, renforcer la souveraineté par la crédibilité plutôt que par la confrontation. Dans les enceintes régionales, notamment au sein de l’UEMOA, la voix de Romuald Wadagni est reconnue pour sa rigueur analytique et son refus du spectaculaire. Une posture qui tranche dans un environnement régional de plus en plus polarisé
La question de la continuité
À l’approche d’une nouvelle échéance politique, l’enjeu pour le Bénin n’est pas tant celui de l’alternance que celui de la continuité de méthode. Les acquis économiques sont réels, mais demeurent fragiles. Ils reposent sur une confiance construite progressivement avec les investisseurs, les institutions internationales et les citoyens. Cette confiance peut se dissiper rapidement si la cohérence de l’action publique est rompue. Dans ce contexte, Romuald Wadagni apparaît comme la figure centrale de cette continuité. Non par une omniprésence politique, mais parce qu’il a structuré l’architecture économique sur laquelle repose la stabilité actuelle. Romuald Wadagni, actuel ministre de l’Économie et des Finances, part favori pour succéder à Patrice Talon.
Pourquoi le Bénin concerne le reste du monde
Le Bénin n’est ni une puissance régionale ni un géant démographique. Il ne dispose pas de ressources naturelles abondantes et ne fait que rarement la une de l’actualité internationale. Pourtant, son parcours répond à une question centrale pour de nombreux États : comment préserver son autonomie dans un monde marqué par la volatilité économique et la compétition géopolitique ? La réponse béninoise est sobre, mais robuste : discipline, crédibilité, institutions. L’expérience portée par Romuald Wadagni rappelle que, dans l’Afrique contemporaine, la forme de pouvoir la plus durable n’est peut-être pas la plus visible, mais la plus fiable.





