Les ministres sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Cheikh Niang, et des Forces armées, le général Birame Diop, se sont rendus dimanche à Bissau dans un contexte de vives tensions politiques en Guinée-Bissau. Cette mission intervient après l’arrêt du processus électoral et l’instauration d’une transition militaire.
À leur arrivée, les deux responsables ont été accueillis par le chef de la diplomatie bissau-guinéenne, João Bernardo Vieira, avant d’être reçus par le président de la transition, le général Horta N’Tam. La visite se déroule dans un climat marqué par la suspension, le 26 novembre, du processus électoral, intervenue à la veille de la proclamation officielle des résultats par la Commission nationale électorale.
À la suite de cette interruption, le général Horta N’Tam a pris le pouvoir, instauré une transition d’un an, nommé un gouvernement et fait adopter une charte encadrant cette période transitoire.
Face à cette situation, le Sénégal a adopté une approche qualifiée de pragmatique. Le 16 décembre, Cheikh Niang a rappelé que Dakar avait condamné le coup d’État, exigé le retour à l’ordre constitutionnel et la reprise du processus électoral. Le Premier ministre Ousmane Sonko a dénoncé, devant l’Assemblée nationale, une manœuvre politique et insisté sur le respect strict de la légalité constitutionnelle.
Concernant la transition proposée par les autorités militaires bissau-guinéennes, le Sénégal a choisi une acceptation encadrée, justifiée par le réalisme diplomatique et les liens étroits entre les deux pays. Dakar met en avant la proximité géographique et les enjeux sécuritaires communs entre le sud du Sénégal et le nord de la Guinée-Bissau.
Sur le plan politique, la tension reste vive. Domingos Simões Pereira, figure de l’opposition, demeure en détention, tandis que le candidat Fernando Dias da Costa, qui revendiquait sa victoire après le scrutin du 23 novembre, s’est réfugié à l’ambassade du Nigéria. L’ancien président Umaro Sissoco Embaló, brièvement retenu par les militaires, a été libéré puis conduit au Sénégal.
La Cédéao a rejeté le calendrier de transition proposé par les putschistes. Réunie à Abuja le 14 décembre, l’organisation a jugé les élections « libres, transparentes et pacifiques » et exigé la libération des prisonniers politiques, une transition courte et inclusive, ainsi que la protection des institutions. Elle a annoncé l’envoi de missions de haut niveau et n’exclut pas des sanctions ciblées en cas d’obstruction au retour à l’ordre constitutionnel.



