Guinée-Bissau : les évêques visitent les détenus du putsch et alertent sur les libertés

 

L’Église catholique est intervenue en Guinée-Bissau pour tenter d’apaiser le climat politique tendu né du coup d’État du 26 novembre. Une délégation de hauts responsables ecclésiastiques s’est rendue, jeudi, dans une prison de la capitale afin de rencontrer quatre figures de l’opposition détenues par les autorités de transition, dont l’ancien Premier ministre Domingos Simoes Pereira.

Cette visite, présentée comme une démarche humanitaire et solidaire, visait à s’assurer de l’intégrité physique des prisonniers, alors que leurs familles et leurs avocats disent être privés de tout contact depuis leur arrestation. La délégation comprenait notamment l’évêque de Bafata, Dom Victor Luis Quematcha.

Si la rencontre a permis de confirmer que les détenus sont en vie, les conditions de la visite soulèvent des interrogations. Les autorités militaires n’ont autorisé l’accès qu’à ce groupe restreint, laissant sans réponse le sort d’autres personnes arrêtées dans le sillage du putsch intervenu après les élections du 23 novembre. Cette sélection alimente les inquiétudes sur le traitement réservé à l’ensemble des prisonniers politiques.

La société civile bissau-guinéenne dénonce une détention arbitraire et un recul des libertés fondamentales. Plusieurs organisations de défense des droits humains, appuyées par des partis d’opposition, critiquent le silence des autorités face aux appels de l’Église, qui avait initialement demandé la libération des opposants. Les proches des détenus redoutent également une dégradation de leur état de santé en l’absence de suivi médical adéquat.

Dans un pays régulièrement secoué par des crises politiques, l’Église catholique conserve un rôle de médiation reconnu. En maintenant le dialogue avec les militaires au pouvoir, les évêques cherchent à préserver un canal de communication alors que le dialogue politique est à l’arrêt. Sans commentaire public sur le contenu des échanges, cette initiative envoie un signal de vigilance morale et pose la question de l’avenir judiciaire des opposants détenus, au cœur d’une transition déjà fragile.

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