France : les députés valident la stratégie gouvernementale contre le narcotrafic

 

L’Assemblée nationale a donné son aval, mercredi, à la déclaration du gouvernement sur la lutte contre le narcotrafic et la criminalité organisée. Le vote, à portée symbolique, s’est soldé par 394 voix favorables, 61 oppositions et deux abstentions. Cette approbation fait suite à un débat demandé par l’exécutif sur la base de l’article 50-1 de la Constitution, qui autorise une déclaration gouvernementale suivie d’un vote sans effet juridique. L’initiative s’inscrit dans une série d’échanges thématiques engagés parallèlement à l’examen du budget.

Devant les députés, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté le narcotrafic comme un enjeu majeur de société, affirmant qu’il mobilise l’ensemble des services de l’État et touche toutes les catégories de la population. Il a annoncé une mobilisation générale contre les réseaux criminels, tout en écartant toute perspective de dépénalisation.

Le chef du gouvernement a dressé un tableau préoccupant de la situation. Environ 3,7 millions de personnes auraient déjà consommé de la cocaïne en France, un marché désormais plus lucratif que celui du cannabis. Ce dernier reste très répandu, avec près de 900 000 consommateurs quotidiens. Le chiffre d’affaires du trafic de stupéfiants est évalué à 6,8 milliards d’euros en 2025, contre 2 milliards en 2010, avec une implantation sur l’ensemble du territoire, y compris les zones rurales et ultramarines.

Sébastien Lecornu a également mis en avant la dimension internationale du phénomène et la montée de la violence, marquée par l’implication de trafiquants de plus en plus jeunes. Il a appelé à un niveau d’engagement comparable à celui déployé contre le terrorisme, notamment sur le plan judiciaire.

Le Premier ministre a rappelé qu’une loi renforçant la lutte contre le narcotrafic a été adoptée le 13 juin 2025. Des textes réglementaires sont attendus pour en assurer l’application, tandis que de nouvelles dispositions législatives sont annoncées pour le premier semestre 2026. Elles devraient viser, entre autres, à rapprocher les régimes de peine et de libération conditionnelle des narcotrafiquants de ceux applicables aux infractions terroristes, dans le cadre du futur projet de loi SURE.

L’exécutif entend aussi durcir les sanctions contre les consommateurs, dans une optique de responsabilisation. En déplacement à Marseille, le président Emmanuel Macron a confirmé le relèvement de l’amende forfaitaire pour usage de stupéfiants à 500 euros, contre 200 euros actuellement. Il a également plaidé pour un renforcement de la coopération internationale afin de viser les chefs de réseaux basés à l’étranger, notamment par la saisie de leurs avoirs et leur arrestation.

Ce débat parlementaire intervient dans un contexte marqué par l’assassinat, le 13 novembre à Marseille, de Mehdi Kessaci, frère du militant écologiste Amine Kessaci, un événement qui a ravivé les inquiétudes sur l’ampleur du narcotrafic et la violence qui l’accompagne.

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