Niger – 46e édition du Sabre national Kokowa 2025 : Tahoua, au cœur de l’Ader, entre traditions, potentialités et défis

Région du Centre-Ouest nigérien, Tahoua s’étend sur 113.371 km² et compte une population estimée à plus de 5,3 millions d’habitants en 2025. Elle occupe la troisième place démographique du pays, derrière Zinder et Maradi, confirmant son poids humain et stratégique dans l’espace national. Chef-lieu régional, la ville de Tahoua, surnommée la capitale de l’Ader, se situe à un peu plus de 500 kilomètres de Niamey et à environ 430 kilomètres d’Agadez. Dotée d’un statut particulier, elle est structurée en deux arrondissements communaux et figure parmi les grandes villes administratives du Niger.

La région partage ses frontières avec Agadez et Maradi à l’Est, Tillabéry et Dosso à l’Ouest. Elle est également limitrophe du Mali et de l’Algérie au Nord, ainsi que du Nigeria au Sud. Cette position géographique favorise les échanges et explique la diversité culturelle, ethnique et religieuse qui caractérise Tahoua.

Depuis la réforme territoriale de 2012, Tahoua est organisée en douze départements, eux-mêmes subdivisés en communes urbaines et rurales. La population est majoritairement composée de Haoussas, Touaregs, Peulh et Arabes. Le Sud bénéficie de conditions plus favorables à l’agriculture, tandis que le Nord présente un environnement plus aride, marqué par le pastoralisme.

Zone de transition entre espaces agricoles et sahéliens, Tahoua occupe une place centrale dans les activités agro-pastorales. Les cultures de contre-saison se développent notamment à Keita, Bouza, Konni et Abalak, soutenues par les populations nomades progressivement sédentarisées. Le climat sahélien impose cependant une alternance marquée entre saison sèche et saison pluvieuse, avec des températures élevées.

L’agriculture demeure le principal pilier économique, mobilisant près de 80 % de la population active. Elle bénéficie de programmes publics axés sur la gestion de l’eau et l’appui aux producteurs. Ce secteur fait toutefois face à de nombreuses contraintes, parmi lesquelles la dégradation des sols, la faible mécanisation, l’accès tardif aux intrants et l’insuffisance des financements agricoles.

L’élevage occupe une place tout aussi déterminante. Le cheptel régional est estimé à plus de 13,2 millions de têtes en 2025. Pratiqué par la grande majorité des ménages ruraux, il constitue la deuxième source de devises du pays après les industries extractives. Il contribue de manière significative à la sécurité alimentaire et aux revenus des ménages, malgré les défis liés à la variabilité climatique et aux feux de brousse récurrents.

Tahoua reste également un carrefour commercial historique entre le Nord et le Sud. L’artisanat y est bien ancré, avec des activités telles que la bijouterie, la maroquinerie et la cordonnerie, même si le secteur souffre aujourd’hui de difficultés d’écoulement des produits. Les autorités misent sur le développement des infrastructures éducatives et sanitaires, ainsi que sur la formation professionnelle, pour renforcer l’insertion socioéconomique des jeunes.

Le potentiel touristique de la région repose notamment sur son architecture en terre et ses sites culturels, à l’image des mosquées traditionnelles de Yama. Réputée pour son hospitalité, Tahoua est considérée comme une terre d’accueil.

Sur le plan minier, la région ne dispose pas encore d’exploitations industrielles, mais plusieurs ressources ont été identifiées. Le phosphate, découvert dans les années 1960 dans la zone de l’Ader-Doutchi, présente des réserves estimées à plus de 7 millions de tonnes. Le charbon de Salkadamna, au Sud-Ouest, affiche un potentiel évalué à environ 30 millions de tonnes, avec une étude de faisabilité en cours. Le gypse et le calcaire, exploités notamment à Malbaza et Keita, alimentent l’industrie cimentière, renforcée récemment par l’inauguration de la cimenterie de Badaguichiri.

Dans le secteur énergétique, les besoins régionaux restent largement couverts par les combustibles ligneux, tandis que les énergies renouvelables demeurent peu exploitées. Le sport, quant à lui, occupe une place importante avec 38 ligues actives couvrant de nombreuses disciplines, y compris le sport adapté aux personnes vivant avec un handicap.

Le patrimoine culturel de Tahoua reflète la richesse du Gobir, de l’Adar et de l’Azawak. Danses traditionnelles, musiques, rites et figures emblématiques marquent l’identité régionale, du duma des agriculteurs aux instruments touaregs comme l’Emzad. Plusieurs pratiques ancestrales, portées par les Azna et les communautés locales, continuent de structurer la vie sociale.

Face aux mutations sociales, des voix s’élèvent pour alerter sur l’érosion progressive de certaines traditions. L’évolution des modes de vie, des pratiques matrimoniales et culinaires, ainsi que la disparition progressive de savoir-faire artisanaux, suscitent des appels en faveur d’une revalorisation du patrimoine culturel et du soutien aux chefferies traditionnelles.

Région d’histoire et de diversité, Tahoua s’affirme ainsi comme un territoire aux multiples potentialités, à la croisée des traditions et des enjeux contemporains, à l’honneur à l’occasion de la 46e édition du Sabre national Kokowa 2025.

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