L’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala a été condamné lundi à Paris à trente ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité commis dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) au début des années 2000. La cour d’assises de Paris a reconnu cet ancien dirigeant du Rassemblement des Congolais démocrates–National (RCD-N) coupable d’avoir facilité, par aide et assistance, des crimes perpétrés par ses troupes durant l’offensive dite « Effacer le tableau », menée en 2002-2003 dans le nord-est de la RDC. Le parquet national antiterroriste avait requis la réclusion criminelle à perpétuité.
Âgé de 67 ans, Roger Lumbala a été reconnu responsable de faits de viols constitutifs de torture, de réduction en esclavage, de travail forcé et d’entente criminelle. La cour a retenu l’existence d’au moins une trentaine de victimes identifiées. L’accusé, resté silencieux à l’énoncé du verdict, dispose d’un délai de dix jours pour interjeter appel. Détenu en France depuis janvier 2021, l’ancien chef rebelle avait boycotté l’essentiel de son procès, contestant la légitimité de la justice française. Il est toutefois revenu assister au prononcé du verdict, aux côtés de son avocat commis d’office.
Les organisations de défense des droits humains, parties civiles au procès, dont TRIAL International, ont salué une décision « historique », estimant qu’elle marque une rupture avec des décennies d’impunité pour les crimes commis dans l’est de la RDC. Les magistrats ont décrit Roger Lumbala comme un chef politico-militaire exerçant une autorité effective sur ses combattants, une qualification que l’intéressé a toujours contestée, se présentant comme un acteur politique sans commandement militaire direct.
Ancien député, sénateur d’opposition et brièvement ministre au début des années 2000, Roger Lumbala reste une figure associée à la deuxième guerre du Congo. À la tête du RCD-N, mouvement rebelle fondé en 1998, il s’inscrit dans la constellation de groupes armés qui se disputaient alors territoires, ressources naturelles et pouvoir politique, avec le soutien de puissances régionales, notamment l’Ouganda et le Rwanda.
À l’été 2002, le RCD-N, allié de Kampala, lance une offensive contre les forces pro-gouvernementales. Selon les Nations unies, cette campagne est marquée par de graves exactions contre les civils en Ituri et dans le Haut-Uélé. Plus de vingt ans après, les violences persistent dans l’est de la RDC, où les affrontements opposent toujours groupes rebelles et forces gouvernementales.



