Tentative de coup d’État au Bénin : la piste d’un soutien nigérien examinée

 

Près d’une semaine après la tentative de coup d’État déjouée à Cotonou, les enquêteurs béninois s’interrogent sur un possible soutien extérieur aux putschistes. Selon plusieurs sources béninoises et nigériennes, la junte au pouvoir à Niamey aurait été informée à l’avance des événements du 7 décembre et aurait entretenu des contacts avec les mutins conduits par le lieutenant-colonel Pascal Tigri.

Selon Jeune Afrique, pour les autorités militaires nigériennes et leurs alliés de l’Alliance des États du Sahel, une prise de pouvoir à Cotonou par des officiers favorables à leur ligne aurait représenté un double avantage stratégique. Elle aurait permis d’élargir l’influence de l’AES et d’obtenir un accès maritime via le port de Cotonou. Elle aurait aussi marginalisé le président béninois Patrice Talon, considéré comme un allié de la France dans la région.

Les relations entre le Bénin et le Niger se sont fortement dégradées depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023. Le Bénin avait alors soutenu l’option d’une intervention militaire régionale contre la junte nigérienne. Depuis, la frontière entre les deux pays est fermée, paralysant une partie des échanges commerciaux.

Des mouvements inhabituels ont été observés à la frontière la veille de la tentative de putsch. Selon des sources locales, l’armée nigérienne aurait dégagé l’accès au pont reliant Gaya à Malanville et déployé des véhicules militaires dans la zone. Des scènes de liesse ont été signalées dans ces villes frontalières au moment où l’annonce d’un coup d’État en cours circulait à Cotonou.

Toujours selon ces sources, si le putsch avait abouti, une réouverture symbolique de la frontière était envisagée. Elle aurait facilité le transit de marchandises, notamment un important stock de concentré d’uranium produit au Niger et destiné à l’exportation. Une partie de ce convoi est actuellement stationnée à Niamey sous protection militaire.

Les enquêteurs s’intéressent également au rôle de Kemi Seba, militant béninois proche de l’AES et conseiller spécial du général Abdourahamane Tiani. Il avait publiquement salué le coup d’État dès les premières heures. Un mandat d’arrêt international a depuis été émis contre lui par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme à compter d’hier…

Côté béninois, le gouvernement reste prudent. Le porte-parole Wilfried Léandre Houngbédji a affirmé, mercredi dernier, devant la presse, qu’aucune accusation formelle n’est encore portée, tout en reconnaissant que la piste de complicités étrangères est sérieusement examinée. Les investigations sont conduites par les services de renseignement nationaux.

Selon les autorités, entre 100 et 200 militaires auraient pris part à la tentative de coup d’État. Treize ont été arrêtés, mais plusieurs suspects sont toujours en fuite, dont le principal meneur, le lieutenant-colonel Pascal Tigri, qui aurait quitté le territoire béninois. Des campagnes de désinformation en provenance de pays voisins ont également été signalées sur les réseaux sociaux dans les heures ayant suivi les événements… A suivre !

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