Tchad : les évêques appellent à une véritable réconciliation nationale

 

 

Dans leur Message de Noël 2025, les évêques du Tchad ont exhorté les autorités, en particulier le président Mahamat Idriss Déby Itno, à engager le pays sur la voie d’une « véritable réconciliation », fondée sur la vérité, la justice et l’amour. Ils ont notamment plaidé pour l’amnistie des prisonniers politiques, qu’ils considèrent comme un geste fort d’apaisement.

Intitulé « véritable réconciliation », le message dresse un diagnostic sévère de la situation politique et sociale du pays dans le contexte de la nouvelle République. La Conférence épiscopale exprime sa déception face au fonctionnement des institutions récemment mises en place, estimant que celles-ci n’ont pas permis de consolider un véritable État de droit. Les évêques dénoncent un déficit démocratique, une armée peu républicaine dans son fonctionnement et une justice qu’ils jugent insuffisamment indépendante de l’exécutif.

Face aux divisions persistantes, aux violences intercommunautaires et aux tensions politiques, les prélats estiment que la réconciliation ne peut être symbolique. Ils la décrivent comme un processus exigeant, impliquant l’écoute, la reconnaissance des torts, la guérison des blessures et la reconstruction de la confiance entre les citoyens.

Les évêques insistent sur la nécessité de traduire cette réconciliation dans des actes concrets, notamment par le respect de la dignité humaine, une justice équitable, le pardon réciproque et le rejet de toute forme d’injustice, d’exclusion ou de manipulation.

Tout en saluant certaines initiatives positives, telles que les médiations communautaires, l’engagement de la société civile et l’action des communautés ecclésiales de base, ils soulignent la persistance de nombreux obstacles. Parmi eux figurent la méfiance généralisée, les fractures identitaires, les inégalités socio-économiques et les pratiques contestées dans la gestion des conflits.

Le message s’adresse à l’ensemble des acteurs de la nation, des autorités à la population, en passant par la société civile, les leaders religieux, les jeunes et la communauté internationale. Tous sont appelés à contribuer à la reconstruction de la cohésion nationale.

S’adressant directement au chef de l’État, les évêques concluent par un appel solennel à l’amnistie des prisonniers, estimant qu’un tel acte constituerait un signal fort en faveur de la paix et du vivre-ensemble au Tchad.

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