Tentative de putsch déjouée au Bénin : la Garde Républicaine revendique la solidité de l’État, voici un témoignage détaillé du Colonel Dieudonné Tevoedjre 

Quelques jours après la tentative de coup d’État avortée du dimanche 7 décembre au Bénin, le commandant de la Garde Républicaine béninoise est sorti de son silence. Au micro de RFI, le Colonel Dieudonné Tevoedjre a livré un témoignage détaillé qui met en lumière plusieurs aspects positifs de la gestion sécuritaire de cette crise majeure.

D’abord, son récit souligne la réactivité de la chaîne de commandement. Alertée dès les premières attaques contre des hauts responsables militaires, la Garde Républicaine a été immédiatement mobilisée. A l’en croire, cette capacité d’anticipation et de projection rapide des forces a permis d’éviter que les assaillants n’atteignent leur objectif principal, s’emparer du Président de la République Patrice Talon. Pour le Colonel, la simultanéité des attaques a rapidement révélé la nature politique et organisée de la menace, ce qui a déclenché une réponse à la hauteur du danger.

Ensuite, l’officier insiste sur la loyauté et le professionnalisme de son unité. Face à des mutins lourdement armés, utilisant des engins blindés, la Garde Républicaine a tenu sa position pendant des affrontements intenses d’environ quarante-cinq minutes. Il présente un bilan humain, limité à un mort et un blessé dans les rangs loyalistes. Cela, explique-t-il, est présenté comme la preuve d’une riposte maîtrisée et disciplinée, menée sans dérive ni usage excessif de la force.

Le Colonel met également en avant le caractère républicain de l’armée béninoise. Selon lui, la cohésion des forces armées a été déterminante dans l’échec du putsch. Il rappelle que l’armée, depuis la Conférence nationale, s’est engagée à rester dans les casernes et à servir exclusivement les institutions de la République. Cette fidélité aux principes constitutionnels, poursuit le soldat, dans un contexte régional marqué par des coups d’État successifs, est présentée comme une singularité béninoise et un message fort adressé à l’opinion nationale et internationale.

Autre point important abordé, le courage et le sang-froid du chef de l’État. Le colonel affirme que le Président Patrice Talon et son épouse se trouvaient bien dans la résidence attaquée et que le chef de l’État est resté aux côtés des responsables militaires pendant plusieurs heures, suivant personnellement l’évolution des combats. Ce comportement est décrit comme un facteur moral fort pour les troupes engagées dans la défense des institutions.

Par ailleurs, le témoignage met en lumière la capacité du Bénin à activer des mécanismes de coopération régionale et internationale sans renoncer à son autonomie. L’appui nigérien, sous mandat de la CEDEAO, ainsi que le soutien technique français, sont intervenus en complément d’une action déjà largement menée par les forces béninoises. Le Colonel insiste sur le fait que « le gros du travail » a été réalisé par l’armée nationale avant toute aide extérieure.

Enfin, il réfute les arguments avancés par les mutins pour justifier leur action, notamment ceux liés à l’équipement de l’armée et à la prise en charge des soldats engagés contre le terrorisme au nord du pays. Selon lui, l’armée béninoise est aujourd’hui mieux équipée qu’elle ne l’était il y a dix ans, dispose d’infrastructures modernes et applique déjà des mesures en faveur des blessés et des familles des militaires tombés au front.

 

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