Huit pays européens, conduits par la France, appellent la Commission européenne et les États membres à renforcer leur mobilisation collective contre les grandes plateformes d’e-commerce venues de pays tiers, notamment Shein. Dans un courrier adressé à Bruxelles, ces États dénoncent des « risques systémiques » liés à leurs pratiques commerciales.
Les signataires sont l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, la Hongrie et la Pologne. Ils pointent une concurrence jugée déloyale, ainsi que des menaces pour les consommateurs et les entreprises européennes, notamment à travers la vente de produits illicites ou dangereux.
La Commission européenne a déjà adressé des demandes d’informations à Shein, une étape pouvant conduire à l’ouverture d’une enquête formelle. À l’initiative de cette démarche, le ministre français du Commerce, Serge Papin, réclame que cette procédure débouche sur une enquête complète, assortie de mesures provisoires pour limiter les risques non maîtrisés. Il demande également des sanctions renforcées dans les procédures déjà engagées contre Temu et AliExpress.
La France a, de son côté, tenté sans succès de suspendre Shein par voie administrative après la découverte de la vente de poupées sexuelles à l’apparence enfantine. L’affaire est désormais portée devant la justice, qui doit se prononcer le 19 décembre. En parallèle, Paris accentue la pression sur Bruxelles, estimant que la lutte contre les risques systémiques des grandes plateformes relève avant tout de la compétence européenne.
Pour répondre à ces dérives, les pays signataires exigent une application plus stricte du droit existant, notamment du Règlement sur les services numériques. Ils plaident pour une action coordonnée afin de renforcer les contrôles douaniers et ceux des autorités chargées de la protection des consommateurs.
Ils invitent aussi la Commission européenne à jouer un rôle plus actif, à réexaminer la réglementation actuelle et, si nécessaire, à durcir les obligations imposées aux plateformes en ligne. Parmi les mesures avancées figure la création d’une taxe européenne sur les colis de faible valeur, déjà envisagée dans plusieurs États, dont la France.
Mi-novembre, les ministres des Finances de l’Union européenne ont validé la suppression de l’exonération de droits de douane sur les petits colis importés. Cette mesure pourrait entrer en application dès le premier trimestre 2026.



