Le ministère algérien de l’Éducation nationale a présenté une première version du nouveau statut du personnel éducatif, une annonce très attendue dans un contexte scolaire marqué par des grèves répétées et une contestation persistante des enseignants. Le projet a été dévoilé à l’issue d’une réunion entre le ministre Mohamed Sghir Saâdoui et les représentants syndicaux. Il intervient après plusieurs mois de mobilisation provoquée par le décret exécutif 25-54, publié en janvier 2025, qui avait profondément crispé le secteur et ravivé un sentiment de déclassement professionnel.
Parmi les principales mesures annoncées figure le retour aux appellations d’enseignant principal et d’enseignant formateur, en remplacement des grades de première et deuxième classe vivement rejetés par les syndicats. Cette décision est perçue comme un geste de reconnaissance symbolique, dans un climat marqué par la démotivation et la perte de repères professionnels.
Le texte précise aussi les parcours de carrière. Un enseignant principal pourra accéder au grade de formateur après quinze ans d’ancienneté. Le même délai permettra à un formateur d’atteindre le grade d’enseignant distingué. Des assouplissements spécifiques sont prévus pour les enseignants exerçant dans le Sud et le Grand Sud.
La question de la mobilité, source majeure de tensions, est également abordée. Le ministère annonce la fin des affectations temporaires, régulièrement dénoncées par les enseignants. Les postes adaptés seront élargis aux agents confrontés à des contraintes médicales ou sociales. Les nouvelles recrues, de leur côté, ne seront plus tenues de participer aux mouvements annuels avant deux années de service effectif.
Sur le plan disciplinaire, le projet ambitionne de renforcer l’autorité pédagogique tout en allégeant la pression administrative. Les enseignants et conseillers d’éducation devraient disposer de cadres juridiques plus clairs pour gérer les situations conflictuelles. Plusieurs fautes professionnelles du quatrième degré, notamment liées à de simples écarts verbaux, seraient supprimées afin de limiter les sanctions jugées excessives.
Le texte prévoit par ailleurs une réorganisation des services économiques, avec le rétablissement des grades de gestionnaire, conseiller gestionnaire et adjoint gestionnaire. La hiérarchie des inspecteurs est clarifiée, avec la création du grade d’inspecteur principal et une évolution des dénominations existantes vers inspecteur principal et inspecteur en chef. La vacation de mobilité professionnelle serait étendue à l’ensemble des personnels, une revendication ancienne des syndicats.
Si les organisations syndicales reconnaissent certaines avancées, elles restent prudentes. Elles exigent des garanties sur l’application réelle des mesures annoncées et dénoncent un malaise toujours profond dans les établissements. Le ministère assure vouloir poursuivre les consultations. Sur le terrain, les enseignants préviennent que sans améliorations concrètes et rapides, la mobilisation pourrait reprendre dans les semaines à venir.


