Côte d’Ivoire : l’aviation civile face aux défis de l’emploi et de l’intelligence artificielle

 

La Côte d’Ivoire a marqué la Journée internationale de l’aviation civile, célébrée chaque 7 décembre à l’initiative des Nations unies depuis 1996. L’édition 2025 a été placée sous le thème de l’avenir des emplois dans l’aviation civile, avec un focus particulier sur les transformations induites par l’intelligence artificielle.

À cette occasion, Guy Georges Sere, président de l’Union des syndicats du transport aérien de Côte d’Ivoire et du Comité de coordination de la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) dans le pays, a souligné l’importance de ce rendez-vous pour les professionnels du secteur. Il a expliqué que cette journée constitue un moment de réflexion collective sur l’impact des nouvelles technologies sur l’emploi et sur les conditions de travail dans l’aviation.

Le responsable syndical a insisté sur la volonté des organisations de travailleurs de renforcer leur collaboration avec les entreprises afin d’améliorer les conditions de vie et de travail des employés. Il s’est dit confiant quant à l’engagement des employeurs en faveur de la promotion du travail décent.

Soutenue par l’ITF, sa coordination nationale et son bureau sous-régional, la cérémonie a servi de cadre de sensibilisation sur la nécessité de l’adaptation, de la formation continue et du renforcement des compétences dans un secteur en pleine évolution.

Invité comme conférencier, l’expert Bayla Sow a mis en lumière les profondes mutations que connaît l’aviation civile. Selon lui, l’anticipation des changements technologiques et la polyvalence professionnelle sont désormais indispensables. Il a averti que certains métiers, notamment la manutention ou les fonctions d’agent d’enregistrement, pourraient disparaître dans les vingt prochaines années sous l’effet de l’automatisation et de l’intelligence artificielle.

Malgré ces inquiétudes, l’expert a relevé des perspectives encourageantes pour le transport aérien international. Les projections pour la période 2025-2030 évoquent près de 9,8 milliards de passagers par an, avec une croissance annuelle comprise entre 3,6 % et 4,8 %. Pour Bayla Sow, garantir un travail décent suppose une rémunération juste, une protection sociale effective et le respect des libertés syndicales, dont le droit de grève.

La question du genre a également été abordée. Assita Ouédraogo, coordonnatrice régionale des femmes ITF Afrique, a dénoncé la faible représentation féminine dans les postes de responsabilité du secteur, notamment dans les fonctions de contrôle aérien. Elle a plaidé pour une plus grande présence des femmes à ces niveaux décisionnels et pour une lutte renforcée contre les violences et le harcèlement en milieu professionnel.

Sur l’impact de l’intelligence artificielle, elle a alerté sur les risques de suppression massive d’emplois à l’horizon 2050 si les capacités des travailleurs ne sont pas renforcées. Elle a cité les recherches en cours sur les avions sans pilotes comme un exemple des bouleversements à venir.

De son côté, Moussa Sangaré, chargé de la gestion du trafic à l’ITF, a rappelé que la section Côte d’Ivoire commémore cette journée depuis 2017. Il a souligné que l’ITF place le travail décent au cœur de ses préoccupations, en mettant l’accent sur les droits du travail, la protection sociale et l’égalité des sexes, dans un contexte de mutation technologique rapide.

La célébration de la Journée internationale de l’aviation civile a ainsi permis aux acteurs ivoiriens du secteur de dresser un état des lieux des enjeux actuels et de réaffirmer la nécessité d’anticiper les transformations pour mieux protéger les travailleurs et assurer un avenir durable à l’aviation civile.

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