Le Programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d’alarme : le nord du Nigeria s’achemine vers une famine d’un niveau « jamais atteint auparavant ». Dans un communiqué publié mardi 25 novembre, l’agence onusienne évoque une situation critique liée à la montée des attaques jihadistes et à l’instabilité grandissante dans cette vaste région du pays le plus peuplé d’Afrique.
Selon le PAM, 35 millions de personnes pourraient faire face à une grave insécurité alimentaire durant la saison de soudure de 2026, un record depuis le début des analyses dans le pays et sur le continent.
Le nord-est du Nigeria reste ravagé par seize années d’insurrection jihadiste, un conflit ayant causé plus de 40 000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes. Cette année, la recrudescence des attaques aggrave encore la situation humanitaire, rendant les populations plus vulnérables à la faim.
Parallèlement, le nord-ouest et le centre subissent la violence des groupes armés appelés localement « bandits », qui multiplient les raids dans les villages, les enlèvements, les rançons et les meurtres. Trois enlèvements de masse ont été enregistrés la semaine dernière, ciblant notamment une école catholique dans l’État de Niger, un lycée de filles dans l’État de Kebbi et une église dans l’État de Kwara.
La période de mai à septembre, dite « saison de soudure », fragilise encore davantage les ménages, déjà éprouvés par l’insécurité et la crise économique. Les agriculteurs peinent à produire, tandis que les familles s’appuient sur leurs faibles réserves ou doivent acheter des denrées de plus en plus hors de portée.
Les Nations unies avaient estimé en mai dernier avoir besoin de 160 millions de dollars pour apporter une aide vitale aux populations du nord-est. Malgré ces besoins urgents, les ressources diminuent : faute de financements suffisants, le PAM a réduit ses programmes nutritionnels depuis juillet, affectant plus de 300 000 enfants.
Pour près d’un million de personnes, l’aide du PAM constitue pourtant un soutien essentiel face à une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver.
