Au Gabon, plus de la moitié des jeunes souhaitent créer leur entreprise, selon la dernière enquête Afrobarometer (Dépêche n°1079). Ce chiffre inédit traduit une génération déterminée à prendre son destin économique en main. Mais derrière cet élan se heurte à un système hostile, verrouillé par des démarches administratives complexes, l’instabilité réglementaire et l’inaccessibilité aux marchés publics.
Les jeunes entrepreneurs peinent à accéder aux marchés publics, souvent réservés aux grandes entreprises ou aux acteurs bien implantés politiquement. Dossiers rejetés sans explication, critères financiers disproportionnés et favoritisme sont monnaie courante. Même lorsqu’un contrat est obtenu, un simple changement de ministre ou de directeur peut provoquer son annulation, laissant l’entreprise dans une situation financière critique.
L’instabilité administrative et les annulations arbitraires créent un cercle vicieux. Des entrepreneurs signent des marchés, investissent et mobilisent leurs équipes… avant que tout ne s’arrête sans notification officielle. La conséquence : dettes insoutenables, entreprises étranglées et jeunes désabusés.
Afrobarometer souligne une jeunesse inventive et ambitieuse, mais confrontée à un État peu protecteur et imprévisible. Sans réforme visant à sécuriser les entrepreneurs, ce potentiel reste inexploité, alimentant l’exode, l’informel ou la résignation. L’entrepreneuriat gabonais réclame des règles claires, de la continuité et un État de droit, plutôt que des slogans.
