Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a engagé des discussions avec Ilan Cockerill, dirigeant d’Endeavour Mining Group. L’entretien, tenu lundi 17 novembre à Dakar, a porté sur l’expansion des activités du groupe et sur la création d’une usine destinée au traitement des minerais réfractaires. Cette infrastructure deviendrait la douzième du genre au monde.
Endeavour exploite déjà le complexe aurifère de Sabadola-Massawa. Le groupe veut renforcer sa présence au Sénégal à travers de nouveaux investissements. Il a présenté un projet d’unité de production d’électricité afin de soutenir ses opérations et contribuer à la dynamique économique des zones minières.
Cette démarche intervient au moment où l’État sénégalais renforce son contrôle sur le secteur aurifère. Le chef de l’État a ordonné la mise en place du Comptoir national de commercialisation de l’or. Il considère cette décision comme un impératif de souveraineté dans un contexte marqué par d’importantes pertes financières liées aux exportations clandestines. Elles sont estimées entre 2,38 et 2,71 milliards de dollars sur dix ans.
Une étude de SWISSAID, publiée en octobre 2024, indique que 36 à 41 tonnes d’or ont quitté le pays de manière illégale entre 2013 et 2022. L’or artisanal transite principalement par le Mali vers les Émirats arabes unis. Les comptoirs agréés ne captent qu’environ 10 % de cette production. En 2021, un écart de 2,95 tonnes a été relevé entre les données officielles sénégalaises et celles des pays importateurs.
Le président Faye veut corriger ces failles. Il mise sur la transformation locale, la maîtrise de la chaîne de valeur et la consolidation d’une industrie minière performante. Il a rappelé la nécessité de renforcer le développement territorial des zones minières grâce au Fonds de réhabilitation minier et au Fonds de développement des collectivités territoriales. Il a aussi demandé aux autorités de lancer rapidement le nouveau pôle industriel de Matam consacré à la valorisation des phosphates de Ndendory.
Le chef de l’État souhaite également un contrôle stratégique de la participation publique dans les entreprises minières privées. Il a exigé la restructuration de la SOMISEN et de la MIFERSO, la mise à jour régulière de la cartographie minière et une gestion plus rigoureuse des carrières.
Dans ce cadre plus strict, les ambitions affichées par Endeavour Mining prennent une dimension particulière. Le projet d’usine de minerais réfractaires et les investissements annoncés à Sabadola s’alignent sur la vision nationale de transformation locale, de réduction des pertes de valeur ajoutée et de développement équilibré des territoires. Endeavour vise ainsi un rôle central dans la nouvelle stratégie minière du Sénégal.



