Près de 3 000 bovins restent enfermés depuis deux mois à bord du Spiridon II, un vieux cargo des années 1970, après le refus de la Türkiye d’autoriser leur débarquement. L’ONG Robin des Bois, qui a révélé l’affaire lundi, décrit un navire « hors d’âge » et totalement inadapté au transport d’animaux vivants.
Le bateau avait quitté Montevideo le 19 septembre pour livrer son bétail en Türkiye. Mais à son arrivée, les autorités ont constaté de graves irrégularités : absence de boucles auriculaires ou de puces électroniques sur plusieurs animaux, incohérences dans les documents d’identification, et 469 têtes non conformes aux listes officielles. Ankara a bloqué le débarquement et ordonné au navire de repartir.
Après des semaines d’attente au large, le Spiridon II a été autorisé à accoster brièvement à Bandirma le 9 novembre pour se ravitailler en paille et en nourriture. Les organisations de protection animale décrivent alors des bêtes déjà affaiblies, à l’issue d’une traversée éprouvante depuis l’Amérique du Sud.
Selon des documents judiciaires, 58 bovins ont péri à bord et plus de 140 vêlages ont eu lieu en mer. Les ONG alertent sur la survie très incertaine des veaux, étouffés par le surpeuplement et l’insalubrité du navire.
Les exportateurs ont contesté ce refus devant la justice turque mais n’ont obtenu aucune dérogation. Le cargo a finalement repris la mer le 9 novembre pour un retour forcé vers l’Uruguay, où il est attendu en décembre.
Les associations dénoncent désormais un risque majeur sur la traversée retour, notamment en raison des tempêtes prévues sur l’Atlantique nord. Elles réclament l’interdiction des transports maritimes de très longue distance sur des navires vieillissants, estimant que cette affaire illustre une nouvelle fois les dérives d’un système incapable de garantir le bien-être animal.



