Des milliers de viticulteurs ont défilé samedi 15 novembre dans les rues de Béziers pour alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de leur situation. Entre 4 000 manifestants selon la préfecture et 7 000 d’après les organisateurs, tous ont dénoncé la chute des prix, la concurrence étrangère, la pression de la grande distribution et les effets du réchauffement climatique.
Le cortège a avancé dans le calme, même si des dégradations ont été relevées : un magasin Lidl saccagé, un radar et des poubelles incendiés. Plusieurs agriculteurs ont brandi des fumigènes, tandis que la FNSEA s’est félicitée d’une mobilisation jugée exceptionnelle.
Nombreux sont ceux qui craignent pour l’avenir de leur exploitation. Carole, viticultrice dans l’Aude, explique ne plus savoir si son domaine familial pourra être transmis à ses enfants, tant les difficultés se sont aggravées ces dernières années. Comme elle, de nombreux producteurs décrivent un quotidien devenu « survie » plutôt que travail.
Les manifestants réclament moins de normes, moins de taxes et surtout une réponse rapide des autorités. Ils dénoncent un marché déséquilibré, où certains vins étrangers arrivent « au prix de l’eau » pendant que leurs propres coûts explosent. Romain Angelras, président des Jeunes agriculteurs du Gard, accuse les politiques de sacrifier la souveraineté alimentaire au nom du libre-échange.
Une délégation sera reçue le 24 novembre au ministère de l’Agriculture, à la veille du salon Sitevi à Montpellier. La ministre Annie Genevard, déjà interpellée début novembre, devra répondre aux demandes de trésorerie, au projet d’arrachage de 35 000 hectares et aux mesures de soutien à l’exportation.
Pour les professionnels, la situation est critique. Entre la baisse de consommation de vin en France, les épisodes climatiques extrêmes, les taxes américaines et les droits de douane chinois, la filière viticole cumule les crises depuis plusieurs années. En Occitanie, premier vignoble du pays, des températures dépassant 40 degrés ont brûlé des grappes entières.
Face à ces difficultés, les principaux syndicats agricoles ont exceptionnellement uni leurs voix pour réclamer une vingtaine de mesures, dont une lutte contre les prix jugés abusivement bas, un meilleur accès à l’eau et un assouplissement de la législation sur la publicité du vin.
Tous s’accordent sur un point : le millésime 2025 pourrait être l’un des plus faibles jamais produits.



