Burkina Faso : douaniers, magistrats et avocat impliqués dans un grand réseau de corruption

 

 

Un scandale de corruption d’une ampleur inédite secoue le Burkina Faso. Le Comité d’Orientation de la Refondation de l’État et de l’Action Gouvernementale (KORAG) a révélé, mercredi 12 novembre 2025, l’existence d’un réseau mêlant douaniers, magistrats et un avocat, à la suite d’une enquête approfondie menée par l’Autorité Supérieure de Contrôle d’État et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC).

Tout serait parti de dénonciations visant des agents de la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) à Ouaga Inter. Ces derniers auraient perçu illégalement des sommes variant entre 100 000 et 150 000 F CFA pour faciliter le passage de camions pourtant régulièrement dédouanés.

L’enquête ouverte en mai 2021 a permis de retrouver d’importantes sommes d’argent dans leurs bureaux et domiciles. Douze témoins, dont des transporteurs et des commerçants, ont confirmé les paiements de pots-de-vin. Appuyée par des vidéos et des aveux, l’investigation a conduit à l’arrestation de treize agents, poursuivis pour corruption et blanchiment de capitaux.

Mais à la surprise générale, le dossier a été frappé d’un non-lieu en juillet 2024 par le juge d’instruction, décision confirmée par la Cour d’appel le 27 août 2025.
Le KORAG dénonce une « mascarade judiciaire » ayant ignoré les preuves « manifestement probantes » du dossier. Plus grave encore, les douaniers mis en cause auraient obtenu des juges les identités des dénonciateurs, compromettant leur sécurité. L’un d’eux aurait même corrompu un magistrat pour obtenir la condamnation d’un témoin.

Pour le capitaine Farouk Azarias Sorgho, porte-parole du KORAG, cette divulgation illégale constitue « une faute grave qui met en péril les mécanismes de dénonciation et la confiance des citoyens dans la justice ».

L’enquête a également révélé un second volet impliquant le milieu judiciaire : dix magistrats, dont un président de chambre, un procureur général, des substituts et juges d’instruction, ainsi qu’un avocat, sont soupçonnés d’avoir reçu d’importantes sommes d’argent pour influencer le traitement du dossier des douaniers.

Le KORAG fustige une justice minée par la corruption, la lenteur et l’absentéisme, rappelant qu’elle devrait être « un repère moral pour la société ».

Réaffirmant l’engagement du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, à moraliser la vie publique, le KORAG a prévenu que « les auteurs et leurs complices seront mis face à leurs responsabilités et subiront la rigueur de la loi ».
Les sanctions disciplinaires et les poursuites judiciaires contre les acteurs indélicats vont se poursuivre, dans le cadre de la refondation de l’État et de la promotion de la bonne gouvernance.

Le comité appelle enfin les citoyens à la vigilance et à la dénonciation des pratiques corruptives, afin de bâtir une société « digne, intègre, juste et souveraine ».

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