Nées du chaos du Darfour, les Forces de soutien rapide (FSR) sont devenues, en l’espace d’une décennie, un acteur militaire et politique majeur au Soudan. Issues des milices Janjaweed, tristement célèbres pour les massacres du début des années 2000, elles constituent aujourd’hui une force indépendante rivalisant avec l’armée nationale, plongeant le pays dans une guerre dévastatrice.
Dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti », les FSR ont été institutionnalisées en 2013 avant d’obtenir, en 2017, le statut de « force militaire nationale ». Cette légitimation leur a permis de renforcer leur autonomie, tout en conservant une chaîne de commandement parallèle à celle de l’armée.
Leur montée en puissance s’appuie sur un contrôle stratégique des ressources, notamment de l’or extrait dans le Darfour et le Sud-Kordofan. Ces revenus alimentent un vaste réseau économique et militaire échappant au contrôle de l’État.
Depuis avril 2023, la guerre entre les FSR et l’armée régulière a transformé le Soudan en champ de ruines. Les FSR dominent désormais plusieurs régions, dont les cinq capitales du Darfour. Leur progression s’est accompagnée de graves exactions documentées par l’ONU et Human Rights Watch : massacres, violences sexuelles, pillages et déplacements massifs.
En janvier 2025, la Cour pénale internationale a affirmé détenir des preuves crédibles de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par les FSR. La chute récente d’El-Fasher, suivie de massacres ethniques présumés, a ravivé les inquiétudes internationales.
Alors que la guerre a déjà fait plus de 20 000 morts et déplacé 15 millions de personnes, les FSR apparaissent désormais comme une véritable armée parallèle, incarnant à la fois la fragmentation du pouvoir soudanais et l’échec des médiations internationales à enrayer la spirale de la violence.



