En marge d’une conférence sur la démocratie à laquelle il prend part en Afrique australe, Dr Guy Dossou Mitokpe s’est adressé ce mardi 28 octobre 2025 à ses compatriotes et aux militants du parti Les Démocrates à travers un direct sur sa page Facebook. Dans son exposé, empreint d’émotion et de lucidité, il revient sur la situation politique nationale, la décision de la Cour constitutionnelle et le retrait de Renaud Agbodjo de la vie politique. Voici l’intégralité de ses propos 👇
Béninoises, Béninois, chers compatriotes, chères militantes et chers militants du parti Les Démocrates, vous auriez dû probablement le constater : depuis quelques jours, je suis hors de notre pays. J’ai été invité à une conférence sur la démocratie.
Et, en tant que secrétaire national à la communication du plus important parti de l’opposition, j’ai jugé bon de rester connecté à l’actualité de notre pays, de suivre les choses, parce que notre parti, que dis-je, votre parti, Les Démocrates, traverse un moment délicat, un moment de tumulte.
Mais les moments de tumulte ne sont pas les moments de la fin. Et « fin », ici, vous voyez, F-I-N : les moments de tumulte sont des moments qui consolident.
Vous savez, de formation, je suis géographe, et on nous a appris en première année de géographie que, pour que la terre se fortifie, pour qu’elle se consolide, parfois, il faut des tremblements de terre. C’est ce qui explique que certains continents connaissent beaucoup plus de tremblements de terre que d’autres.
Nous sommes arrivés à un moment où notre parti traverse des moments difficiles. Vous devez pouvoir le comprendre. Mais ce n’est pas la fin de notre parti. Hier, comme la plupart de nos compatriotes, je suis resté câblé depuis l’Afrique australe, suivant l’évolution politique, la destinée de ces millions de Béninois qui espéraient que la Cour constitutionnelle puisse rester dans la vérité et dire le droit.
Malheureusement, la Cour n’a pas pu nous rassurer hier. Depuis ma page Facebook, je vous avais envoyé, toujours en qualité de Secrétaire national à la communication du plus important parti politique de notre pays, un message d’encouragement.
Un message afin que chacun puisse comprendre que, certes, nous venions d’être sortis pour une élection importante, l’élection présidentielle d’avril 2026, mais qu’il y a encore d’autres défis.
De grands défis : les élections communales et les élections législatives. Je vous avais envoyé des messages pour vous encourager, pour vous dire de ne pas vous laisser décourager. Vous savez, s’il y a une parole que j’aime bien, et ceux qui sont chrétiens me comprendront mieux, les autres, je leur présente mes excuses, c’est celle-ci : dans la Bible, il est souvent dit « fortifie-toi ».
C’est-à-dire que, face aux épreuves, face aux moments difficiles, nous devons rester soudés et forts. Alors que, face à cette décision de la Cour constitutionnelle, nous étions en train de prendre toutes nos dispositions afin de pouvoir, aujourd’hui même, déposer les dossiers pour l’élection communale, une autre nouvelle vient de tomber. Je viens d’apprendre, avec beaucoup de tristesse, vous pouvez le constater sur mon visage, que celui qui avait été choisi par notre parti, notre cher camarade et frère Renaud Agbodjo, se retire de la vie politique. Il a avancé comme raison qu’il souhaiterait se consacrer à sa famille et à son cabinet. Je voudrais, après cette annonce, dire à notre peuple, à nos militantes et à nos militants, que c’est le moment pour nous, plus que jamais, de rester soudés.
Rester soudés, rester sereins et rester mobilisés. Parce que nous irons aux élections communales et nous irons aux élections législatives. Que rien ne puisse vous ébranler. Vous savez, il y a un adage français qui dit : le malheur ne vient jamais seul. Après la nouvelle de la Cour constitutionnelle, qu’une autre nouvelle comme celle-ci vienne nous frapper de plein fouet, il y a de quoi se poser des questions. Mais je voudrais vous rassurer : ces différents événements doivent au contraire vous indiquer que nous sommes sur le bon chemin. Ces événements montrent que ce qui est en cause ici, ce n’est pas le leadership du président du parti. Non, ce n’est pas son leadership.
À mon très cher camarade et ami Renaud, je voudrais dire que, sur ce point, je ne partage pas son point de vue. Le fait que nous soyons exclus de l’élection présidentielle de 2026 n’est pas dû aux responsables du parti.
Vous savez, dans tous les partis, il y a des ambitions qui s’expriment. Donc la bataille des ambitions n’est qu’un alibi. Ce qui nous met en difficulté aujourd’hui, ce sont les ambitions démesurées d’un être qui a décidé, à lui seul, de porter la lourde responsabilité de l’exclusion d’un parti politique, à lui seul, de briser le rêve de quatorze millions de Béninois. Je vous parle du plus profond de mon être. Vous n’êtes pas plus déçus que moi.
Vous n’êtes pas plus tristes que moi. Mais on m’a appris que lorsque les difficultés viennent dans la vie, c’est le moment de se serrer les coudes. C’est le moment de se dire : « C’est dur, c’est vrai, c’est difficile, certes. Mais nous pouvons aller de l’avant. » Parce que nous incarnons l’espoir. Nous sommes l’espoir de milliers, de millions de Béninois. Au nord, au sud, à l’est, à l’ouest, et au centre, nous sommes l’espoir de millions de Béninois. Chers compatriotes, ce sont des moments extrêmement difficiles. Mais je voudrais que vous puissiez partager ce message avec vos parents, avec vos frères et vos sœurs, qu’ils soient à l’intérieur du pays ou à l’extérieur. Vous devez pouvoir dire que le meilleur accord de gouvernance que nous puissions conclure, c’est l’accord de gouvernance avec vous, avec le peuple. Le meilleur accord de coalition parlementaire que nous puissions faire, c’est avec vous, avec le peuple. Parce que le combat qui nous attend n’est pas le combat d’une religion contre une autre. Le combat politique qui nous attend, c’est un combat pour qu’il y ait plus de liberté, plus de démocratie, plus d’emplois et plus de sécurité. C’est pourquoi je vous dis : certes, cette nouvelle est tombée comme un coup dur, mais je voudrais vous exhorter. Nous n’allons pas continuer de pleurer sur le lait versé. Celui qui a décidé de nous mettre en difficulté, laissons-le à son sort. Continuons de croire que nous avons notre destinée entre nos mains. Nous allons nous retrousser les manches. Nous allons déposer les dossiers pour les communales.
Nous allons déposer aussi les dossiers pour les législatives.
Et après tout cela, nous passerons dans vos maisons, dans les hameaux, dans les villes. Nous ne ferons pas de considérations ethniques ni religieuses.
Nous passerons partout et nous vous parlerons. Parce que nous sommes les enfants d’un même pays. Nous avons les mêmes difficultés, les mêmes souffrances. Acceptez-le : j’ai décidé de vous parler à chaud. Je n’ai pas préparé de discours. Mais comprenez que c’est un moment difficile. Et les moments difficiles font partie de la vie des hommes, de la vie des humains. Même celui en qui nous croyons, Dieu lui-même, a mis ces épreuves dans nos vies pour nous éprouver, pour nous fortifier, pour nous rendre plus solides. Croyez en Dieu. Croyez en nos capacités. Nous allons nous retrousser les manches. Nous allons livrer ce combat politique. Il sera difficile, ce combat politique, mais, par la grâce de Dieu, comme j’ai l’habitude de le dire, nous vaincrons. On n’a pas encore dit que nous avons vaincu, mais nous avons la certitude qu’avec vous, nous ferons des exploits. Parce que vous le savez bien : rien n’est perdu. Nous nous battrons et nous vaincrons. Que Dieu nous garde. Excellente journée. D’ici quelques jours, je serai de retour au pays. Et ensemble, nous allons nous parler. Merci, que Dieu nous garde. Nous sommes ensemble. Nous avons vaincu. Nous vaincrons.», Dr Guy Dossou Mitokpe, SNC du parti Les Démocrates
Cette transcription est une priorité de KAWERU INFOS.



