Bénin : le verbatim du discours de Sabi Sira Korogoné ce vendredi

Dans une adresse solennelle à la nation béninoise, Sabi Sira Korogoné, membre de la Résistance nationale, a lancé un appel à la mobilisation face à ce qu’il considère comme une dérive autoritaire du régime de Patrice Talon. Il exhorte les citoyens, les chefs traditionnels, les religieux et la société civile à s’unir pour « défendre la démocratie » et préserver la dignité du peuple béninois. Voici son verbatim :

« Béninois et Béninois, mes chers compatriotes,

C’est avec gravité et responsabilité que je m’adresse à nouveau à vous. Nous sommes à la croisée des chemins et l’heure devient de plus en plus grave. La résistance rejetée est devenue la pierre angulaire et le seul espoir des hommes pour notre peuple. L’honnêteté devrait nous emmener à rendre hommage à un homme. Je veux nommer le président Candide Azannai, qui est, avec difficulté, mais dignement resté le seul gardien du Temple. L’heure de la grande mobilisation a sonné. Chacun, en ce qui nous concerne, devrait commencer à informer, à sensibiliser dans son environnement immédiat, car il s’agit ici du Bénin, notre seul patrimoine. Jeux, femmes, cette lutte est la nôtre. Elle dépasse la seule compétence des partis politiques et devrait s’inscrire dans un cadre citoyen, dans un cadre plus large.

Je voudrais, avec votre permission et avec tout le respect, digne à leur rang, m’adresser en premier lieu à nos têtes couronnées et à nos chefs traditionnels. Vous incarnez l’autorité morale dans un pays aussi traditionnaliste que le nôtre. C’est vrai que la corruption politique mine désormais votre milieu, mais je suis convaincu que la vertu et la morale représentent encore le socle de l’action de beaucoup d’entre vous. Votre silence devient très inquiétant et très pesant, et il urge que vous preniez vos responsabilités devant l’histoire. Nous ne nous laisserons pas faire cette fois-ci, et en tout cas on ne laissera pas M. Patrice Talon, Président de la République et son régime dictatorial, on ne les laissera pas dérouler leur plan machiavélique de confiscation du pouvoir. Aujourd’hui, on parle, mais demain, on agira. Prenez vos responsabilités, prenez vos responsabilités.

Ensuite, je m’adresserai aux clergés, déjà en les remerciant pour les efforts consentis dans le cadre du danger que représentait le code électoral chrysogène. Je leur demande avec humilité de ne pas jeter l’éponge car notre pays se dirige progressivement dans un sens qui n’est pas le bon.

À nos compatriotes du Parti Les Démocrates, qui manifestement aujourd’hui se rendent à l’évidence que quand on alertait sur le danger que représentait leur posture de participer aux élections pour vivre ensemble et notre démocratie, ils devraient déjà être venus à la conclusion qu’on n’avait rien de personnel contre eux. Notre lutte aujourd’hui ne doit rien avoir avec la réinsertion d’un quelconque duo de candidats, mais devrait aller dans le sens des principes et des valeurs qui ne sont rien d’autre que les réserves pures et simples du code électoral et de toutes autres dispositions exclusives. Tout le monde, en tout cas notre lutte, doit pouvoir nous conduire dans le sens où ça permettra à tous ceux qui remplissent les conditions, hormis celles du parrainage, pour le compte des présidentielles, puissent compétir et qu’on estitpe pour le compte des législatives la fameuse loi de 20% par six concessions électorales. Rejoignez-nous donc, afin qu’ensemble, on écrive l’histoire.

La société civile, je veux parler de la vraie, le peuple vous observe, oui, le peuple vous observe.

Aux travailleurs, esprit esclavagisés, l’heure a sonné pour aller récupérer des mains du dictateur notre liberté et notre dignité.

Au monde agricole, ce monde grugé depuis des décennies, traité dans le cadre du soja comme des criminels, c’est le moment plus que jamais d’agir.

Aux étudiants, dont les conditions d’études ne font que se dégrader de jour en jour, et pour qui l’avenir s’assombrit, il est donc temps.

Peuple du Bénin, en plus de piller notre pays, de tuer d’honnêtes citoyens dans le cadre de processus électoraux biaisés, d’emprisonner les voix discordantes, on s’apprête à confisquer le pouvoir. Allons-nous laisser faire ? Non, non et non. Car laisser faire, c’est faire preuve de lâcheté, laisser faire, c’est faire preuve d’irresponsabilité. Avec courage, détermination et sans peur, nous nous devons d’affronter notre destin. Nous ne devons laisser aucune place aux intimidations.

À nos compatriotes pris en otage, je leur dis courage, car la fin c’est pour bientôt, et à ceux en exil, je leur demande de sortir de leur léthargie, de sortir du silence, ce silence coupable, et de venir accompagner, par des mots d’ordre clairs, la Résistance.

Aux complices éternels de la dictature, je veux nommer M. Paul Hounkpè, il est encore temps pour vous de vous ressaisir, car ce jeu trouble dans lequel vous êtes, vous sera préjudiciable. Dans les temps à venir, car le peuple, dans sa furie, ne vous fera aucun cadeau.

Enfin, je m’adresserai à M. Patrice Talon, Président de la République de facto depuis 2021, et je tenais à lui dire qu’il est encore temps de reculer. Si une fois vous avez aimé ce pays, il est temps de reculer. La balle est dans votre camp, et vous savez ce que vous avez à faire au cas échéant, vous verrez les Béninois devant vous.

Mes chers compatriotes, les jours à venir seront difficiles, mais retenons que la liberté n’a pas de prix, retenons que devant l’histoire, le défi de la reconquête de notre dignité doit être relevé.

Par la résistance, nous vaincrons, je vous remercie. »

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