Après cinq jours de garde à vue à la Direction générale des recherches (DGR), Harold Leckat, Directeur de publication (DP) du média en ligne Gabon Media Time (GMT), a été placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison centrale de Libreville le lundi 20 octobre. Cette décision a suscité une vive indignation au sein de la société civile et des milieux journalistiques, qui dénoncent une atteinte à la liberté de la presse.
Selon l’ONG SOS Prisonniers Gabon, cette détention préventive est « injustifiable » car le DP présentait toutes les garanties de représentation. L’organisation critique une « dérive judiciaire inquiétante » et rappelle que la détention préventive doit rester l’exception, surtout contre des journalistes indépendants.
Plusieurs associations de journalistes, dont l’OPAM, l’UPJ, le RENAJI, Media & Démocratie et Reporters sans frontières, ont tenu une conférence de presse à Libreville pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « cabale politico-judiciaire ». Elles ont souligné que Leckat, reconnu pour son indépendance, ne peut être assimilé à un criminel ou un détourneur de fonds, rappelant son rôle dans l’assainissement du débat public et la publication d’enquêtes critiques sur les dérives du régime.
Les conditions de détention du journaliste ont également été dénoncées : plusieurs nuits menotté à une chaise, isolement, accès limité aux sanitaires et privation d’hygiène élémentaire. Les associations soulignent que ce traitement est contraire à la dignité humaine et constitue une menace directe contre la liberté de la presse au Gabon.
Le dossier concerne un contrat commercial signé en 2020 entre GMT et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour des prestations de communication. Selon les organisations, il s’agit d’un litige commercial qui relève du tribunal du commerce, et non du pénal. L’utilisation du pénal est perçue comme un moyen d’intimidation destiné à museler un journaliste critique.
La profession journalistique gabonaise se mobilise : marches de soutien et pétitions en ligne ont été annoncées. Les ONG internationales de défense de la presse, telles que RSF et Amnesty International, pourraient prochainement être saisies du dossier.