Antananarivo, 17 octobre 2025 – Trois jours après la destitution de Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale, le colonel Michael Randrianirina a été investi « président de la refondation » de la République de Madagascar. La cérémonie, inédite dans son format, s’est tenue à la Haute Cour constitutionnelle (HCC) en présence de plusieurs diplomates étrangers et figures politiques malgaches.
Symbole fort, c’est la première fois qu’un serment présidentiel se déroule au siège de la HCC. Le nouveau dirigeant, arrivé sur un véhicule blindé entouré de militaires armés, a prêté serment avant d’être décoré de la « Grand-Croix de première classe de l’Ordre national », une distinction réservée aux chefs d’État.
Dans son discours d’investiture, Michael Randrianirina a décrit ce moment comme « un tournant historique » pour un peuple « en effervescence » et déterminé à « changer le cours de son destin ». Il a dressé un tableau sombre des 65 dernières années d’indépendance, fustigeant « un régime autoritaire » ayant plongé Madagascar « dans l’obscurité pendant des années ». Selon lui, la jeunesse malgache, « victime d’injustice et de détournements », a porté la contestation née le 25 septembre et mérite désormais d’être au centre de la refondation nationale.
Le nouveau chef de l’État a promis une « rupture avec le passé », la restauration des droits fondamentaux et des mesures « à l’encontre des ennemis de la République ». Il a aussi invité les partenaires internationaux à « accompagner Madagascar dans la mise en œuvre de la refondation nationale ».
L’événement s’est déroulé sous haute sécurité, en présence de diplomates britanniques, chinois, français, suisses, allemands et du représentant de l’Union européenne. L’ancien président Marc Ravalomanana et l’ex-Premier ministre Ruphin Zafisambo, nommé par Rajoelina avant sa chute, figuraient également parmi les invités.
Malgré la solennité de la cérémonie, le climat politique reste incertain. Une partie des manifestants qui avaient conduit le mouvement social réclame encore des garanties sur la transparence et la participation populaire à ce processus de refondation. Quelques dizaines de jeunes se sont brièvement rassemblés devant la HCC pour rappeler au nouveau régime « l’obligation d’écouter la voix du peuple ».



