Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, a exprimé sa profonde déception face à la répression des manifestations de l’opposition à Abidjan. Dans un message diffusé le lundi 13 octobre 2025 sur les réseaux sociaux, l’ancien banquier a dénoncé un climat contraire à l’esprit de paix et de dialogue prôné par le père fondateur de la nation, Félix Houphouët-Boigny.
« L’houphouétisme, moi je le cherche aujourd’hui, mais je ne le vois pas », a déclaré Thiam, estimant que les valeurs de non-violence et de tolérance qui incarnaient Houphouët-Boigny ont disparu. Selon lui, « l’houphouétisme, ce n’est pas un mot qu’on répète, ni un geste symbolique sur sa tombe, c’est un comportement fidèle à son héritage spirituel, fondé sur la paix et le respect de l’autre ».
Critiquant directement le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Thiam a souligné que « l’amour du prochain n’est pas compatible avec la brutalité et les bastonnades infligées à des citoyens qui n’ont commis aucune violence ». Il a rappelé que Houphouët-Boigny, bien qu’opposé au multipartisme, avait accepté que Laurent Gbagbo se présente contre lui à la présidentielle de 1990, preuve de son ouverture et de son courage politique.
Poursuivant sa comparaison, il a salué à son tour les attitudes de Laurent Gbagbo et d’Henri Konan Bédié, qui avaient permis à Alassane Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle, y voyant là « l’esprit d’un vrai démocrate ».
Évoquant la marche interdite du samedi 11 octobre, Tidjane Thiam s’est dit « attristé » par les arrestations et les violences subies par plusieurs militantes du PDCI, dont Mme Djeneba Soumahoro et Mme Shérif. Il a dénoncé « un recours excessif à la force contre des femmes qui ne faisaient qu’exprimer leur opinion ».
« Nous avions espéré que 2025 serait l’année du débat d’idées pour construire un meilleur avenir. Mais ce que nous voyons, ce sont des images de bastonnades, d’affrontements et d’arrestations », a-t-il regretté, dénonçant la restriction du droit fondamental de manifester pacifiquement.
Le leader du PDCI a aussi critiqué la stratégie du pouvoir : « Quand on prétend avoir si bien gouverné pendant quinze ans et obtenu 80 % aux législatives, on ne devrait pas craindre la rue ni réprimer l’opposition. »
À moins de deux semaines du scrutin présidentiel prévu pour le 25 octobre 2025, le climat politique reste tendu. L’opposition, dont les principales figures (Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo) ont vu leurs candidatures rejetées, conteste la légitimité de la participation d’Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat qu’elle juge anticonstitutionnel. La campagne, ouverte le 10 octobre, doit s’achever le 23, dans une atmosphère de crispation et de méfiance généralisée.