L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis novembre 2024 pour « atteinte à l’intégrité nationale », vient d’être élu membre de l’Académie royale de langue et de littérature française en Belgique. Sa condamnation à cinq ans de prison avait été confirmée en appel le 1ᵉʳ juillet dernier.
L’annonce a été faite dimanche 12 octobre par Yves Namur, secrétaire perpétuel de l’institution. Dans un communiqué, l’Académie a salué en Sansal « la haute fonction créative de l’écrivain, indissociable de la liberté nécessaire à son exercice ». Fondée en 1920, l’Académie royale de Belgique compte quarante membres, dont dix étrangers. Boualem Sansal y rejoint ainsi une élite littéraire internationale, qu’il avait déjà côtoyée en 2007 lorsqu’il avait reçu le Prix de littérature francophone de la même institution.
Cette élection intervient quelques mois après sa nomination au prix Sakharov, proposée par le groupe d’extrême droite européen « Patriotes pour l’Europe » dirigé par Jordan Bardella. L’écrivain avait alors décliné la proposition, refusant que son nom soit instrumentalisé.
En France, son cas continue de susciter un large élan de solidarité. L’Académie française avait appelé à sa libération immédiate et reconnu qu’il méritait de siéger « parmi les immortels ». Toutefois, la proposition de Jean-Christophe Rufin visant à l’intégrer par une procédure exceptionnelle a été rejetée par la majorité des académiciens, soucieux de ne pas aggraver les tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
En mai 2025, Boualem Sansal avait déjà été récompensé par le prestigieux prix mondial Cino Del Duca, l’une des distinctions les plus importantes du monde francophone après le Nobel.
Son élection à l’Académie royale belge réaffirme le soutien du monde littéraire à un auteur dont la voix critique, longtemps dérangeante pour le pouvoir algérien, continue de rayonner malgré la prison.
